Un autre record du 100 kilomètres à l’ergo battu à Gravelines

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Alors que Thibaut Verhoeven s’élançait sur son ergomètre pour 100 kilomètres, à l’autre bout de la France Emeline Loorius faisait de même et a elle aussi tombé le record de la distance dans sa catégorie d’âge.

Ancienne rameuse reconvertie dans le triathlon, Emeline Loorius est mère de deux enfants et habite à Gravelines, avec son Paarc des rives de l’Aa ; elle est responsable budget dans une filiale de SwissLife. Après ses 100 kilomètres, elle raconte en détail son expérience et son ressenti à Mag Aviron.

Comment en êtes-vous venue au triathlon ?
Je suis toujours en quête de nouveaux challenges. J’ai testé les triathlons très courts, mais la natation n’était pas mon fort, j’ai donc pris des cours de natation. Cette discipline a beaucoup de similitudes avec l’aviron ! Après 3 ans de pratique, je suis licenciée pour la première fois au club de triathlon de Gravelines. Au début de saison, j’ai eu la chance de participer au magnifique événement du NatureMan dans le Verdon avec un effort de près de 4 heures et je touchais du doigt les efforts longs. En parallèle des entraînements natation et triathlon, j’ai toujours gardé contact avec l’ergo via l’Avifit que je pratique avec Gravelines US Aviron depuis maintenant 3 ans.

Comment vous est venue l’idée de faire un 100 kilomètres à l’ergo ?
Cette idée a mûri pendant un moment. Il y a quelques mois je me disais que je ne ferais jamais un truc pareil. J’ai toujours été en contact avec l’ergo, mais je détestais ça, avant la pratique de l’AviFit qui a révélé que l’on pouvait l’utiliser différemment et s’amuser en groupe. Je me suis blessée au tendon d’Achille avec la pratique de la course à pied. Après le NatureMan, j’ai donc décidé de stopper les entraînements pour simplement nager, rouler et ramer. J’ai commencé à m’intéresser aux différents challenges ergo, mais surtout au challenge des 7 défis capitaux mis en place par la FFA. Puis arrivait un autre challenge avec le MTC Méditerranée : sur 10 semaines, une étape par semaine plus ou moins longue est proposée et qui aboutit bien entendu sur un classement. J’y ai participé et la distance la plus longue de 14 kilomètres étant bien passée et bien j’ai donc poussé mes étapes réalisées des 7 défis capitaux jusqu’au semi. C’est là qu’a commencé à mûrir l’idée du marathon. Sur une centaine de participantes de ma catégorie dans le challenge des 7 DC, seule une fille s’était lancée. Fred (mon mari) et Julien, adeptes de l’aviron indoor, avalaient les kilomètres et avaient déjà réalisé des marathons… Sur leurs précieux conseils, j’ai adapté mon entraînement pour le préparer avec un volume de trois séances ergo et une séance vélo par semaine. J’ai passé l’étape du marathon sans encombre mi-décembre et j’y ai pris beaucoup de plaisir. L’idée de tenter le 100 kilomètres en me disant “on verra bien” est là ! Après les championnats indoor à Paris, je commence la préparation avec des séances d’au moins 60 minutes. Après quelques séances réalisées, le confinement est prononcé. J’y vois une opportunité d’augmenter les fréquences d’entraînement.

Comment s’est passé le jour J ?
Je voulais partir tôt pour ne pas avoir le sentiment de passer la journée sur l’ergo. Même si l’idée était de le finir, j’avais en tête le record de France des 40-49 ans de 9 h 17 et je pensais le terminer en 8 h 30. J’avais également en tête le record féminin établi par Caroline Delas en 8 h 9 au cas où. Je pars sur un rythme tranquille où l’idée est de ramer tout en pouvant parler sur un rythme de 21 coups/min et une moyenne de 2 min 24 s/500 m. Au bout d une heure d’effort, je commence à me forcer à manger par petit bout et toutes les 30 min du raisin d’abord, une pâte d’amande ensuite, puis une banane… Les premiers 40 km passent vraiment très bien, je prends confiance, mais voilà que 10 km plus loin l’estomac commence à brûler. Je laisse de côté les aliments solides pour basculer sur la boisson sucrée. J’arrive aux 55 km et deuxième alerte : les genoux me font souffrir pourtant je me suis forcée à ne pas aller trop loin devant, mais dans la fatigue, le naturel est revenu et il reste 45 km, je commence à douter sur ma capacité à finir. Je commence à serrer les dents et me dit que ça ira mieux dans 25 km. Je panique je me dis que ça va être très compliqué, car à chaque fois que je plie les jambes, mes genoux sont douloureux et les maux d’estomac ne m’aident pas non plus… C’est hyper frustrant : le souffle est là, les cuisses aussi. L’espoir d’aller souffler le record de Caro Delas s’envole, mais ce n’est pas grave, ce n’était pas le but.
J’entre dans le dernier 30 km, les genoux sont de plus en plus douloureux chaque coup me fait souffrir, j’hésite à ramer sans les jambes, mais 30 bornes en bras-corps ça me parait compliqué. J’essaie de penser à autre chose, je me lève plus régulièrement de l’ergo, j’en suis à boire du coca. Moi qui n’aime pas ça habituellement. Les kilomètres défilent vraiment trop lentement. J’ai mal, mais je veux aller au bout et les nombreux messages d’encouragement que je reçois sur le Facebook Live et sur Zoom m’aident à tenir. Et enfin le voilà le moment tant attendu du dernier km. Je suis sur un nuage quand le cadran indique que c’est fini !

Quelle conclusion en tirez-vous ?
C’est une sacrée expérience que je ne suis pas prête à refaire, mais quelle satisfaction d’être allée au bout et cerise sur le gâteau, je pose une nouvelle marque du record de France en 8 h 17 chez les 40-49 ans, moi pour qui détestait l’ergo et qui appréhende toujours de m’aligner pour un 2000 mètres, c’est assez drôle finalement. J’ai eu la chance de le faire dans un super cadre au PAarc des Rives de l’Aa, j’ai vraiment une pensée pour les fous furieux qui font ça dans leur garage !
Humainement, c’était très fort ; je recevais beaucoup de messages très encourageants de mes amis, de ma famille, des membres de la FIRT, des personnes que je ne connais pas. Ces messages m’ont vraiment aidée. Sans, je ne serais pas allée au bout. Ma petite famille sur place était au top : les enfants ont été adorables et leurs encouragements m’ont boostée. Fred m’a moralement beaucoup aidée et était aux petits soins.

Propos recueillis par Eric Marie

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