Pôle de Lyon : entre jeunes pousses et expérience
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10 mars 2023Catherine Bruneau assure de nombreuses fonctions au sein du club d’aviron de Plougonvelin. L’aviron occupe une grande partie de sa vie, la semaine et le week-end, mais elle ne regrette pas son engagement au service de notre sport.
On vient à l’aviron par héritage, mais aussi parfois par hasard. C’est le cas de Catherine Bruneau, professionnelle de l’aviron depuis 1983. “J’ai commencé à ramer grâce à deux rencontres, explique-t-elle. J’étais voileuse à la base, et j’ai fait un échange avec une amie qui faisait de l’aviron. J’étais sur Nantes, elle arrivait de Bordeaux. Elle n’a pas continué la voile et je suis revenue à l’aviron par le plus grand hasard en 1982, pendant une formation. Une des personnes présentes était rameur, j’ai fait un bout de chemin avec lui”.
Elle a commencé par Rouen, avant de partir sur les Pays de la Loire à Laval, puis Angers, avant de revenir en Ille-et-Vilaine en 1998 pour atterrir dans les Côtes-d’Armor en 2016. “Je ne pouvais pas aller plus loin, sourit-elle, sinon il fallait que je traverser la Manche ou l’Atlantique”.
Un premier brevet d’Etat en 1984, puis un brevet d’Etat activités physiques pour tous, un BESAPT et enfin un BEES2 en 2004. Catherine Bruneau a toujours été professionnelle dans le monde de l’aviron. “J’ai aussi poursuivi sur des spécialisations en handi-aviron, et récemment en aviron santé”.
“Quand on fait ce boulot, on n’a pas grand-chose à côté”
Seule salariée du club de Plougonvelin, Catherine Bruneau cumule les missions : l’école d’aviron et l’école de sport, les compétiteurs adultes, les loisirs, l’AviFit, l’aviron santé, le scolaire et la formation des bénévoles. “Dans les clubs précédents, je faisais aussi la réparation de bateaux, mais le club de Plougonvelin est très organisé, avec des gens impliqués”. Un emploi du temps lourd, mais qu’elle assume. “Quand on fait ce boulot-là, il n’y a pas grand-chose à côté. Avoir une vie de famille digne de ce nom relève du miracle, même de couple avec une vie sociale extérieure. On n’a guère de temps pour aller voir ailleurs, c’est un problème ou ça peut en devenir un, c’est quelque chose d’enfermant”. Si l’aviron est une grande partie de sa vie, Catherine Bruneau a d’autres passions, toujours sportives. “J’aime la montagne, le vélo, j’aime naviguer. Mais plus on avance, moins on a de disponibilité. On est censé avoir des jours de récupération, mais même quand on ferme la porte, c’est compliqué de verrouiller. Et quand ça finit, ça recommence, on est soit dans le bilan, soit dans l’anticipation”.
“La place de la femme n’est pas plus compliquée qu’ailleurs dans le nautisme”
Quand on lui demande comment se situe la place d’une femme dans le monde de l’aviron, la réponse de Catherine Bruneau est franche et directe : “Elle n’est ni plus ni moins compliquée qu’ailleurs dans le monde du nautisme. C’est un milieu globalement masculin. Mais si on veut une vie de famille à côté, peu de femmes continuent en tant que professionnelles, je dois faire partie des dinosaures. Ou alors à des postes différents en ligue, en comité départemental”. Et le milieu associatif a ses complexités. “Mais ça serait à refaire, je recommencerais, ça reste une vraie richesse humaine. C’est bien de ne pas le savoir quand on s’y engage, mais quand on a l’énergie, on n’y fait pas attention”.
A bientôt 61 ans, Catherine Bruneau approche de la fin de sa carrière dans les prochaines années. “Terminer ma carrière à Plougonvelin, c’est un vrai bonheur, il n’y a pas beaucoup de clubs comme ça. C’est un modèle de vie associative, avec des gens qui ont des vécus divers et variés. Ils ne sont pas là par hasard, ils sont impliqués et militants. Sportifs, mais pas que ! Ils ont tous découvert ce que c’était le boulot d’employeur, un boulot complexe, ils sont courageux de relever ce défi-là et ils remplissent bien cette mission”. Elle est la seule salariée du club, mais aussi du Finistère dans l’aviron.
Son mot de la fin, elle l’adresse aux instances de l’aviron français. “Il faut se poser la question de la place accordée à la professionnalisation. L’aviron change de visage dans le monde du nautisme et aujourd’hui, avec l’évolution sociale du sport, l’aviron a des facettes incroyables, et on peut continuer à avancer malgré ces évolutions-là. La partie performance existe toujours, mais moins importante. L’aviron en tant que sport pour tous est plus que jamais à mettre en avant, mais il faut du monde pour accueillir. Les bénévoles sont retraités et pas toujours en capacité en termes de compétences. Il valoriser ces emplois, car une fois dedans, on n’a pas de place à l’extérieur. A mon avis, ça doit être impulsé en interne de la fédération, et c’est vrai pour les femmes et les hommes. On n’a aucun problème avec eux, il faut jouer des coudes, faire mieux pour qu’ils regardent ou les surprendre”.