Europe 2023 à Bled : suivi de la dernière journée
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31 mai 2023Les championnats d’Europe se sont achevés à Bled. Le bilan chiffré de l’équipe de France est plutôt sur cette première grande échéance de la saison, avec six médailles pour quatorze bateaux engagés. Retour sur les médailles des Bleus.
Après un passage à Duisbourg pour quelques embarcations, les championnats d’Europe à Bled constituaient la véritable entrée sur la scène internationale de l’équipe de France olympique et paralympique, dans sa composition telle qu’issue du stage de Soustons, mais aussi de la saison précédente.
Hormis les repères de pourcentage, la comparaison se fait en bord à bord, en compétition. C’est pour cela que les rameuses et rameurs tricolores avaient hâte d’en découdre lors d’une régate du circuit classique de World Rowing. European Rowing pour l’occasion, certes, mais qui accueillait la crème de la concurrence du vieux continent.
Une crème à laquelle ont été confrontés tous les équipages tricolores, et six d’entre eux sont ressortis médaillés de ces affrontements.
Le samedi 27 était le premier jour de finales européennes. La première à avoir accosté au ponton d’honneur fut Nathalie Benoit. En s’alignant au départ de la finale du skiff PR1, elle savait que la course allait être des plus serrées. Elle retrouvait ses adversaires de Racice, qui n’étaient autres que celles des Jeux paralympiques de Tokyo. “La course était intéressante, commente-t-elle, mais on ne sait jamais trop ce que cela va donner. Si je m’étais lancée un peu plus fort avant, peut-être que j’aurais pu finir un peu plus devant, mais je ne regrette rien, car il n’y a pas trop d’écart”. Et le podium de Bled est identique à celui de Tokyo : la Norvégienne Birgit Skarstein décroche l’or, l’Israélienne l’argent et la Française le bronze. “Ca lance bien la saison, poursuit la rameuse du RC Marseille, cela donne aussi des pistes de travail, il faut que j’essaie d’être plus offensive au début, d’être devant et d’y rester”. Des écarts qui se sont en effet resserrés, comme le note le responsable du projet Ambition 2024 para.
La médaille suivante fut du plus beau des métaux : l’or. Laurent Cadot et Guylaine Marchand, sa coéquipière sur la régate en l’absence d’Elur Alberdi en convalescence, ont repris les commandes aux Britanniques après 500 mètres de course. “On a fait une moins bonne course qu’hier”, note Guylaine Marchand, et pourtant le résultat est là, mais il a fallu envoyer du début à la fin, et surtout creuser l’écart. Les Ukrainiens sont restés au contact, ça nous a obligés à aller à fond jusqu’au bout”. Les Français ont franchi la ligne d’arrivée en tête de près de deux secondes sur le bateau ukrainien, suivis des Britanniques qui ont su préserver leur médaille de bronze face aux Israéliens. La première pensée de l’équipage tricolore est pour Elur Alberdi, avec qui Laurent Cadot avait conquis l’or mondial à Racice l’an passé. “Elle nous a accompagnés durant le stage, la préparation, on espère qu’elle va très vite récupérer”. En plus de la médaille d’or, une belle Marseillaise sur les bords du lac de Bled.
La troisième médaille de la journée troisième médaille allait venir Laura Tarantola et Claire Bové. Les deux rameuses savaient qu’elles auraient fort à faire dans cette finale du deux de couple poids léger qui comptait les championnes du monde et médaillés de bronze 2022 et d’autres finalistes. Les Françaises n’ont pas lâché un coup, avec des Britanniques dominatrices et des Polonaises qui se sont fait ravir leur avantage par les rameuses grecques. Laura Tarantola et Claire Bové ont conservé leur troisième place, résistant dans les derniers 500 mètres à la remontée des Polonaises et se sont emparées du bronze européen. “On a eu plus de mal que sur la première course, note Claire Bové, on est contentes d’être là, on a hâte de passer à la suite, on sent que le plaisir est à portée de main”. Le travail pour l’équipage va continuer. Un travail permanent salué par le DTN Sébastien Vieilledent pour qui le deux de couple féminin poids léger reste le bateau phare de la flotte.
Le dimanche, l’équipe de France allait réitérer, avec trois nouvelles médailles. Et c’est un poids léger qui a ouvert le bal. Hugo Beurey, privé de son coéquipier Ferdinand Ludwig, concourait en skiff PL. Un accident de parcours qui allait, au final, lui porter chance. Mais à ce niveau-là, on ne parle plus de chance. Après une victoire en série jeudi, la stratégie allait être importante. “C’est l’Italien que je surveillais, explique-t-il, je savais qu’il ne finissait pas forcément bien”. Parti très fort et pointant à la première place au passage des premiers 500 mètres de course, le Français a ensuite entamé un bord à bord Niels Torre, à qui il a cédé une courte avance jusqu’au passage des 1500 mètres, avant de lancer une ultime attaque, lui permettant de repasser la pointe devant et de franchir la ligne d’arrivée en tête, décrochant l’or et le meilleur temps européen de la discipline. “Je suis resté sur le travail accompli avant Cazaubon, conclut Hugo Beurey, le skiff est vraiment basé sur la valeur individuelle, ça fait plaisir, j’ai su repartir au bon moment. Je suis content d’être là”. Un travail dont le DTN a également retenu la valeur, une valeur qui servira au double PL.
La médaille suivante est venue d’un équipage modifié récemment, le quatre barré mixte PR3 avec Grégoire Bireau, Margot Boulet, Erika Sauzeau et Rémy Taranto, barrés par Emilie Acquistapace. Les tricolores retrouvaient leurs adversaires de la finale de Racice, et les Français accueillaient dans leurs rangs Grégoire Bireau. Les Bleus ont réalisé une belle course face à deux grosses embarctions de la catégorie. “Les Allemands et les Anglais partent plus forts que nous, précise Margot Boulet, on a bien relancé aux 1000 mètres, mais ça n’a pas suffi pour remonter sur eux”. Le bronze était tout de même au bout du bassin pour les tricolores. “On a des points techniques à régler, ajoute Rémy Taranto, mais notre bateau est en construction. C’est un premier parcours ensemble”.
La dernière médaille est venue d’un nouveau bateau… ou du moins d’un nouvel équipage. Thibaud Turlan, Benoît Brunet, Guillaume Turlan et Téo Rayet avaient réussi à se qualifier pour la finale A du quatre sans barreur après les repêchages. Après 500 mètres de course, leur bateau pointait à la sixième place. Mais c’est alors qu’ils ont entamé ce que, dans le foot, on appelle une remontada. “J’ai l’impression qu’on a fait un enlevage du début à la fin, souffle Téo Rayet, on avait tout le temps le pied au plancher”. Le bateau français grignote l’écart qui le sépare de ses adversaires et finit par décaler les Roumains, les Suisses et les Polonais, s’emparant du bronze européen. “Je savais qu’on avait beaucoup de watts dans le bateau, conclut Benoît Brunet, il fallait trouver les moyens de les exploiter. Un de nos points forts, c’est la confiance”.
Six médailles sur ces championnats d’Europe donc, sur ce que le DTN appelle “une étape” vers les prochaines échéances, la prochaine étant la deuxième étape de coupe du monde à Varèse.
Retour plus en détails avec tous les propos du DTN, et en images dans le prochain Mag Aviron.