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26 juin 2025Le calendrier a été repensé récemment par la Fédération française d’aviron. Des modifications qui ont entraîné une levée de boucliers de la part de nombreux entraîneurs.
Concevoir le calendrier des championnats n’est pas une sinécure. Année après année, les dates retenues par le comité directeur fédéral font débat et les élus se creusent bien souvent les méninges pour tenter de contenter le maximum de personnes. Mais les nouveaux changements, adoptés lors du comité directeur du 28 avril, ont suscité une vive réaction de la part d’entraîneurs de clubs qui ont adressé une lettre ouverte à la Fédération française d’aviron et lancé une pétition en ligne, commençant ainsi : “Nous souhaitons vous faire part de notre désaccord concernant le déplacement du championnat de France J18 bateaux longs au mois de septembre dès 2026. Si cette décision vise à répondre à des objectifs de performance internationale, elle nous pose de nombreux problèmes de cohérence avec les réalités du terrain, et ce à plusieurs niveaux”. Le calendrier académique est avancé en premier lieu, mettant en exergue la rentrée scolaire et universitaire et les contraintes qu’elle engendre sur les rameurs pour préparer une compétition. “Le championnat J18 risque de perdre fortement en densité, poursuit la lettre, et le championnat Senior auquel les J18 disponibles pouvaient participer sera de fait encore plus appauvri en engagés. Un championnat senior séparé des J18, présentait une meilleure option pour qu’ait lieu le “transfert d’expérience” entre les meilleurs J18 et Seniors”. Des clubs qui vont également revoir leur fonctionnement estival pour s’adapter : “Prolonger la saison jusqu’en septembre pour les U19 perturbe l’organisation des clubs, déjà mobilisés l’été entre stages, vacances et rentrée des débutants. Les entraîneurs devront choisir entre compétition et formation des nouveaux rameurs. Là encore, cette réforme ne permet pas, selon nous, “aux professionnels des clubs de mieux gérer leur activité” (NIF 396). Les familles devront organiser leurs vacances autour de cette échéance de septembre. Cette contrainte est d’autant plus lourde dans les cas de garde partagée (cela concerne aujourd’hui près d’un quart des familles françaises). Ces facteurs pourraient être un frein à la poursuite de la pratique pour certains jeunes”.
Les arguments s’enchaînent, mais sur le sujet, la FFA est formelle : il a bien fallu faire un choix. “Déjà dans l’ancienne mandature un travail avait été lancé avec des objectifs assez multiples, commente le directeur technique national Sébastien Vieilledent, il faut à la fois arriver à entendre les besoins des licenciés, des structures de formation, répondre aux attentes des différents publics, pour trouver un consensus national et progressivement réinventer et redonner une ligne stratégique”. La FFA organisent dix championnats tout au long de l’année : longue distance, sprint, bateaux courts, bateaux longs, J16, J18… “Il faut répondre aux attentes mais aussi contrecarrer les problèmes de calendrier, le modèle économique… A tous les niveaux, le sujet de trouver des organisateurs, mais aussi des financements pour les événements se pose. Il y a eu une consultation multipartenaires, un travail pour répondre aux objectifs sportifs calendaires. C’est tout un ensemble de questions qui a été posé, il y a eu deux options, celle qui a été retenue intègre le décalage des J18 sur septembre, avec les bateaux longs seniors. Dans ces deux propositions, il y a eu de réelles avancées sur des points consensuels. Il y a des arguments pour, d’autres contre, il faut faire des choix. Mais la solution miracle n’existe pas”.
Jean-Pierre Bremer, vice-président de la FFA en charge du projet sportif et du haut niveau, confirme, et voit dans ce changement une opportunité. “On s’est dit qu’en les mettant en septembre, ça obligerait à un effort de fidélisation pour cette catégorie”, explique-t-il.
La tâche fut ardue. “On a travaillé sur ce calendrier assez longuement, on a fait beaucoup de simulations, il y a eu huit versions différentes, répondant à des critères essentiels”. La cellule haut niveau avait elle aussi été consultée. “Antonio Maurogiovanni nous a confirmé qu’il faut que les meilleurs soient présents sur les championnats nationaux. Partant de ce principe, si on veut que tous les internationaux soient là, la plupart finissant fin août aux mondiaux, ils peuvent couper 15 jours et préparer les championnats après”.
Une réforme qui est partie, pour les élus, de plusieurs constats. “Les championnats bateaux longs seniors n’intéressent pas les clubs organisateurs… dans tous les cas de figure, ça n’allait pas. Cazaubon coûte, mais il y a un vrai intérêt, une vraie régate qui récompense les meilleurs. Quand on fait le tour, il n’y avait pas le choix : seulement les J18 avec qui les coupler”.
Des discussions qui engendrent une réflexion plus importante sur la typologie-même des championnats. “On a approfondi, on fait peut-être fausse route en restant sur des championnats par classe d’âge”. C’est ainsi que le vice-président et les élus de la FFA ont exploré différentes pistes. “Cazaubon pourrait devenir un championnat de France trophée individuel, où l’on récompenserait les meilleurs skiffeurs, mais aussi les meilleurs bâbords et les meilleurs tribords. En septembre, on partirait sur des championnats trophée des clubs, avec deux catégories : une en-dessous de 18 ans et une de plus de 18 ans. Idem en U23, avec les espoirs début mai”. Bien entendu, les masters, les sprints et la longue distance resteraient des championnats à part entière. “On va inciter les clubs à s’organiser différemment, pour gérer leurs cadres en été. On est par défaut avec des cadres qui font tout, c’est une tentative de trouver un fonctionnement différent dans notre organisation, ne pas avoir des gens qui arrêtent, les garder plus longtemps et les réinsérer dans un championnat différent. Nous sommes conscients des problèmes soulevés, ils ont été identifiés, on en a parlé longuement.
Ce nouveau calendrier sera en place jusqu’en 2028, si on arrive à monter le niveau global, les clubs vont se motiver par rapport à ça. Si on ne le faisait pas, soit on supprimait les bateaux courts, soit on mettait les J18 et les seniors début mai”.
Le débat reste ouvert, et le sujet continuera sans aucun doute à être abordé au bord des bassins lors des prochaines échéances nationales.