2022 fut une année pleine pour l’aviron français. Pleine avec un calendrier qui a pu se tenir dans son intégralité… mais pleine aussi de rebondissements et de tracas qui ont mis à mal l’organisation de certains rendez-vous.

On l’attendait de pied ferme cette saison 2022. En 2020, hormis quelques rendez-vous recalés en fin de saison et qui ont souffert des affres de conditions climatiques dantesques (une tempête à Gravelines et à Saint-Nazaire et une pluie diluvienne à Brive-la-Gaillarde), c’est une saison blanche qu’avait connu les rameuses et rameurs de l’hexagone. Rebelote en 2021 avec, néanmoins, un grand rendez-vous sur quasiment une semaine à Mantes-la-Jolie pour contenter un maximum d’athlètes, toutes catégories d’âge confondues.
Tout devait se débloquer en 2022, avec toutefois quelques craintes et des consignes encore particulières, induisant la tenue en distanciel une nouvelle fois des championnats de France d’aviron indoor. Mais la suite des opérations s’annonçait sous de meilleurs augures avec, enfin, les premiers championnats de France longue distance, initialement prévus en mars 2020. Et c’est toujours le bassin du Breuil, à Mâcon, qui a accueilli la compétition avec plus de 320 équipages inscrits, dans des épreuves allant du deux de couple au huit, que ce soit en J18, seniors ou masters (de 43 ans de moyenne d’âge et 55 ans de moyenne d’âge). Des épreuves mixtes étaient également au programme. Les départs étaient lancés, toutes les 10 à 15 secondes selon les conditions, sur un parcours en contre-la-montre de 8000 mètres, en aller-retour. Une première distribution de fanions et médailles, dans une ambiance démontrant que les rameuses et rameurs étaient heureux de se retrouver enfin en bateau.
Retour en mer
La mer a elle aussi retrouvé ses adeptes, avec les championnats de France les 20 et 21 mai, à Agde sur la grande bleue. Covid oblige, la ville héraultaise n’avait pas pu accueillir l’édition 2021 qui s’était finalement tenue au Grau-du-Roy. Plus de 700 rameuses et rameurs se sont affrontés, répartis dans plus de 250 embarcations. En tout, près de 70 clubs étaient présents sur la compétition. On retrouvait bien entendu les clubs côtiers, qui ont inscrit de manière durable et importante la pratique de l’aviron de mer dans leur programme sportif, mais aussi d’autres structures comme Vichy, Beaucaire qui évolue désormais aussi bien en mer qu’en rivière. Ce sont 19 épreuves qui figuraient au programme, du solo au quatre en passant par le double, et la pointe est désormais bien ancrée dans les catégories. Des juniors aux masters, tout le monde pouvait y trouver son compte. Le para-aviron et le para-aviron adapté n’étaient pas oubliés.
Quand le ciel se déchaîne sur l’aviron français
Les choses se sont gâtées deux semaines plus tard, sur le lac d’Allier à Vichy. Un lac d’Allier qui devait accueillir en juillet 2021 la grande semaine de championnats finalement délocalisée dans les Yvelines, la rupture d’une vanne du barrage maintenant le niveau des eaux ayant contraint la Fédération française d’aviron à revoir ses plans. La « reine des villes d’eaux » recevait du 3 au 5 juin les seniors et J18. Au total, plus de 1500 participants et 400 embarcations inscrites. Mais dans la nuit du 4 au 5 juin, la ville des eaux est devenue celles des glaces : un orage de grêle s’est abattu sur la ville et a décimé le parc à bateaux, entraînant la destruction ou l’endommagement de nombreux bateaux, conduisant la FFA à annuler la dernière journée de compétitions. Les podiums ont donc été réalisés au temps, en tenant compte des derniers résultants enregistrés la veille.
Une première frustration qui n’allait hélas pas être la dernière : deux semaines plus tard, les masters s’engageaient dans leurs championnats sur le bassin du Breuil. Un week-end caniculaire qui avait entraîné la diffusion de consignes de sécurité strictes, une surveillance accrue des compétiteurs… Et c’est finalement le vent qui, dans la matinée du dimanche, a engendré l’arrêt des championnats. Les premières médailles avaient trouvé preneurs la veille, les suivantes seront remises en jeu en 2023.
Quand la fatalité ne vient pas du ciel, elle peut aussi venir de sous les eaux. Les championnats de France J16 et U23 en ont fait les frais deux semaines plus tard. Plus de 1300 rameuses et rameurs dans près de 400 bateaux ont démontré une chose : la solidarité de l’aviron français. En effet, à l’issue des événements de Vichy, de nombreux clubs épargnés ont proposé la mise à disposition de bateaux pour ceux qui avaient vu leur parc atteint de façon trop importante. Certaines structures ont pu ainsi faire face, à l’image du SN Nancy qui avait non seulement durement vécu Vichy, mais aussi quelques semaines plus tôt un accident sur sa remorque en partance pour les championnats de France UNSS. Mais cette fois-ci, ce sont les algues qui se sont invitées dans la course, entraînant un resserrement du bassin et des parcours en contre-la-montre. C’en était trop pour la Fédération française d’aviron et son président Christian Vandenberghe : alors que certains demandaient l’annulation ou la poursuite de la compétition sur quelques couloirs, il a enjoint l’organisation à la tenue sur les six couloirs habituels. Des conditions rendues possibles une nouvelle fois grâce à la solidarité des clubs, qui ont prêté main-forte aux bénévoles de Bourges pour nettoyer au maximum le lac du val d’Auron.
C’est sous une forte pluie, mais sans encombre, que s’est déroulé le championnat national jeune, à Gérardmer, donnant lieu à de belles courses pour une catégorie d’âge qui avait connu une année 2020 entièrement blanche, et une année 2021 très perturbée.
Un dernier rendez-vous olympique
Le dernier rendez-vous sur 500 mètres a pu connaître de beaux moments à Vaires-sur-Marne, avec les championnats de France sprint. Le vent s’est invité à la fête pour les finales du dimanche, mais à aucun moment le bon déroulement de la compétition n’a été remis en cause. Un événement qui revêtait une saveur particulière pour ses participants : la faculté de ramer sur le bassin des Jeux olympiques de Paris et qui ne connaîtra plus, d’ici 2024, que des événements internationaux.
Une saison nationale, ce sont aussi quelques chiffres. L’on pourrait additionner les rameuses et rameurs inscrits sur chaque rendez-vous, les bateaux en course, les ergomètres chevauchés pour les France indoor… Mais un chiffre est bien plus éloquent : tous championnats confondus, ce sont plusieurs centaines de fanions qui ont été remis tout au long de la saison ! Rien de bien étonnant si l’on cumule les différentes catégories en indoor, les titres en longue distance, en masters, en mer et en rivière… De quoi donner le tournis si l’on veut comptabiliser le nombre total de médailles, avec trois bateaux sur un podium et une récompense par athlète !