Deux records du monde tombés en para-aviron connecté

Quand elles prennent le départ d’une course à l’ergomètre, elles ont dans le viseur celui de terminer le plus rapidement possible, mais aussi de décrocher le pompon : le meilleur temps mondial. Ce bonus, Perle Bouge et Nathalie Benoit l’ont remporté toutes les deux le week-end des 30 et 31 janvier, durant le Maif Aviron Indoor Connecté.

“Les meilleures conditions pour faire un chrono”

“J’étais chez moi, explique Perle Bouge, avec mon entraîneur de club Emmanuel Ihidope, sa présence m’a rassurée, car tout ce qui m’inquiétait, c’était la faille technique. Il aurait ainsi pu attester de ma performance. Surtout que le matin, j’ai eu une coupure d’électricité chez moi !” Mais la rameuse bayonnaise ne retient de cette expérience à distance que du positif. “J’étais sur mon ergo, poursuit-elle, dont le siège est bloqué comme il convient. Les conditions étaient idéales. Un peu de stress, mais j’étais dans mon environnement, et cela s’annonçait bien depuis le début de la semaine”.
Après avoir réalisé un temps de 7:56 en stage, Perle Bouge visait entre 7:55 et 8:00. “Je suis restée concentrée, c’était incroyable. J’avais l’impression de survoler la course, de voler sur l’ergo, je me revois me parler dans les 100 derniers mètres, surtout avec ce que me disais l’entraîneur, et quand j’ai lâché la poignée, je me suis waouh”. Une expérience à distance qui ne l’a pas du tout gênée, même si le seul défaut de la formule est de ne pas pouvoir se retrouver avec les autres. “Mais l’énorme avantage est qu’on n’est pas fatigué par le trajet, on est dans les meilleures conditions pour faire un chrono”. Et le chrono est bel et bien là : le meilleur temps mondial en PR2 avec 7:53.4.

“Merveilleusement bien organisé”

En PR1, Nathalie Benoit s’est elle aussi offert le meilleur temps mondial en 8:30.7. Elle a elle aussi pris part à la compétition depuis son domicile, plus précisément son garage ! “Je me suis aménagé un espace avec mon ergomètre, commente-t-elle, j’étais seule avec ma famille, les entraîneurs étaient au club, car les jeunes couraient le matin. J’en avais 3 ou 4 autour de moi qui m’encourageaient, ça ne m’a donc pas trop changé au niveau ambiance”. Le format de ces championnats ne l’a pas du tout gênée. “J’étais stressée comme d’habitude, sourit-elle, mais moi qui ai besoin de préparation, ça me correspondait bien. Et je suis habituée à mon ergomètre, qui est réglé pour moi. C’est vrai qu’en présentiel on court contre les autres, on peut se voir et discuter, mais j’ai trouvé l’événement vraiment bien organisé. J’ai regardé le live dès le matin, j’ai envoyé les liens à mon entourage pour qu’ils suivent”.
Nathalie Benoit visait ce record du monde. “J’avais mes marques ; après des séances de vitesse, je me suis dit que c’était possible. Mon B4 était à 10 secondes, au centième près, cela confirmait que je pouvais le faire”. La course s’est donc déroulée en présence de ses proches. “Ils m’en ont mis plein les oreilles, j’avais l’impression d’être à Coubertin, j’ai quand même pu bien me concentrer”.

Une saison internationale déjà chamboulée

Les annonces récentes de World Rowing font part de modifications dans certains rendez-vous internationaux. Une situation qui n’empêche pas les deux rameuses de travailler.

“Avec Christophe (Lavigne) on essaie d’optimiser au maximum, note Perle Bouge, on rattrape notre manque côté physique avec la technique, de bien ramer ensemble pour compenser, ce résultat à l’ergo m’a rassurée. Mais on ne sait pas où en sont les autres nations”.
Nathalie Benoit envisage la saison internationale une décision après l’autre, une annonce après l’autre. “Je ne me projette pas, je prends le programme au jour le jour. Je n’aime pas me préparer et que tout se casse la figure, je préfère donc laisser venir, un peu comme en méditation : on entend le bruit et on le laisse passer”.

Fabrice Petit