Aviron et success stories

Quelques personnages ou familles célèbres, en leur temps, se sont passionnés pour notre sport et ont contribué par leur présence, leur dévouement et il faut bien le rappeler avec leur fortune, au développement et au soutien de l’aviron.
En région parisienne, côté Marne, la Société d’Encouragement du Sport Nautique, qui vient d’être fondée en 1879 se donne comme président Jules Jeanneney, homme politique de premier plan, futur président quasi inamovible du sénat entre 1909 et 1944. Sous son impulsion, “l’Encou” prit un rapide essor et s’éleva bien vite au rang des principales sociétés.
Jeanneney sait s’entourer et choisir ses relations. La société comptera bientôt parmi ses membres des personnages influents, tels l’industriel et homme d’affaires Fenwick, ou Pierre-Victor Stock, directeur de la maison d’édition éponyme.
P-V Stock, fonde le premier périodique officiel de notre sport en 1886 : L’Aviron et la Vie sur l’Eau “Organe Spécial du Rowing et du Tourisme Nautique”. A partir de 1910, cette publication sera adoptée par la fédération française des sociétés d’aviron comme bulletin officiel.
Un autre Stock, Jean-Pierre, associé à Marc Detton remporte en 1924, le Championnat de France, le championnat d’Europe et une médaille d’argent aux Jeux olympiques de Paris en double scull.

Dubo, Dubon, Dubonnet !

Côté Seine, La Société Nautique de la Basse Seine, a bénéficié de la participation active de nombreux notables devenus de grands dirigeants, dont les plus marquants furent Marius Dubonnet et Jean Lacoste.
Marius Dubonnet héritier du fondateur du célèbre apéritif. Sa publicité, chef-d’œuvre du genre est mondialement connue : DUBO DUBON DUBONNET… Marius Dubonnet sera Président de la Société de 1883 à 1900. La Basse-Seine est “sa chose, son enfant, un enfant terriblement prodigue qui lui procure autant de complications sans cesse renaissantes, que de plaisir. Mais il arrange tout, aplanit tout et amène un nombre considérable de membres titulaires et de mécènes. Ce fut un grand capitaine.” Il est le créateur du Challenge Dubonnet qui récompense le titre en huit au championnat de France.
Son fils, André Dubonnet, pratique également l’aviron mais sera plus connu comme pilote automobile et surtout en tant qu’”as” de l’aviation pendant la Grande Guerre.

Lacoste : le crocodile dans les eaux de l’aviron

Jean-Jules Lacoste fut d’abord vainqueur du championnat régional du Sud-Ouest en skiff et finaliste du championnat de France d’aviron à Mâcon, en 1890, avant de “monter sur Paris” rejoindre la Société Nautique de la Basse-Seine.
Tout comme Dubonnet auquel il succède quelques années plus tard, il en sera un emblématique Président pendant 28 ans et a laissé à la “BS” une trace indélébile. C’est un “self made man” qui “gagne les batailles par sa seule énergie”. De simple employé de banque, il devient grâce à ses qualités et à son travail, directeur de la filiale française d’une très grande firme d’équipement aéronautique : Hispano-Suiza.
Cette entreprise produisit également des autos de prestige considérées par certains spécialistes comme les plus belles voitures du monde.
Très observateur et attentif la sécurité des équipages, il proposera de placer une balle de tennis à l’avant des bateaux, par mesure de protection et pour mieux discerner les arrivées litigieuses. Cette pièce a bien failli s’appeler la “boule Lacoste”.
Le sport le poursuit cependant jusque dans sa vie familiale, car son fils René Lacoste fut l’un des quatre Mousquetaires, vainqueur de la Coupe Davis en 1927 et créateur de la célèbre marque au crocodile.
ll fut nommé Chevalier (1917) puis Officier (1925) et enfin Commandeur (1932) de la Légion d’honneur.

Chocolat et cassoulet à Lagny

Retour sur la Marne, mais un peu plus à l’Est à la Société Nautique de Lagny, chocolat et cassoulet !
Dès la création de cette Société en 1905, la présidence d’honneur est confiée à Gaston Menier, le célèbre chocolatier de Noisiel, député, Conseiller général et grand passionné de sports nautiques. Il mène à bien les projets industriels et sociaux que son père avait initiés en développant l’usine de chocolat et la cité ouvrière de Noisiel pensée et fondée par celui-ci.
Mais à partir de 1917, c’est la famille Saurin qui va accompagner et marquer durablement la vie du Club, avec plus de 70 ans de présence et de services ininterrompus.
En 1917, William Saurin dont la famille possède une résidence d’été à Lagny-sur-Marne entre à la Société Nautique. Il en devient le vice-président en 1920.
Après la Grande Guerre, les innovations culinaires et marketing de William Saurin décuplent les commandes. En 1926, il installe alors ses ateliers agrandis à Lagny-sur-Marne, une ville proche des producteurs (éleveurs de volailles, de porc et de bœufs, producteurs de légumes) : une garantie de fraîcheur des produits nécessaires à la fabrication des plats !
Son fils, Vincent débute à 15 ans et, entraîné par son père, devient champion de France junior en 1925. Il se révèle rapidement un rameur de grand talent, à la technique “fluide et efficace”. Il se qualifie pour les Jeux olympiques de 1928 à Amsterdam et remporte tous les titres de Champion de France du skiff de 1930, à 1935.. Il remporte encore une médaille de bronze aux championnats d’Europe de 1931 et d’argent en 1933.
Après le décès de son père en 1937, Vincent Saurin reprend l’affaire familiale, qu’il saura gérer en homme d’affaires avisé. Mais sa grande passion restait l’aviron, “sport idéal qui exige valeur morale, volonté, technique et, surtout esprit d’équipe”.
Il est membre du bureau dès 1930, et occupe le poste de capitaine d’entraînement. Vice-président en 1942 il devient président en 1952, poste qu’il occupera jusqu’en 1988.
Il a mis au service de son club, sa grande capacité à fédérer autour de lui,
sa volonté d’aller toujours de l’avant, qui lui avaient permis une réussite professionnelle exceptionnelle et aussi une générosité reconnue.
Parmi les noms connus qui ont œuvré pour notre sport, on peut encore mentionner Guy Ligier, pilote automobile, propriétaire d’écurie de course et constructeur de voitures. Guy Ligier, resté fidèle à son club de Vichy remporta le titre de champion de France en deux barré junior en 19, associé au papa d’une autre célébrité, Gilles Purier !

Charles Imbert