Depuis ce samedi 4 juin, tout le monde s’est activé et continue à le faire pour trouver des solutions. Retour sur le film des événements.
La tempête de grêle qui s’est abattue sur Vichy samedi soir dernier a décimé le parc à bateaux présents. Les 107 clubs présents ont été touchés à des degrés divers, mais chacun y laissera des plumes. Près de 600 coques étaient présentes : celles qui prenaient part à la compétition, mais aussi celles qui étaient amenées en réparation auprès des revendeurs ou des remorques qui repartaient avec d’autres clubs… Le montant des dégâts est impressionnant : c’est en millions d’euros qu’il faudra le chiffrer.
La détresse amène souvent à immédiatement pointer du doigt un éventuel responsable, un bouc émissaire. Et pourtant, lorsque l’on se repasse le film de la soirée, il est bien compliqué et fort peu avisé d’en désigner un à la vindicte.
Tout au long du week-end, comme sur chaque championnat, la météo a été surveillé continuellement. C’est ainsi qu’après les courses du samedi, après avoir dans un premier temps interdit les entraînements, ceux-ci ont été finalement autorisés sur une distance de 1000 mètres à partir de l’arrivée, afin de permettre d’avertir les équipages de regagner le bord en cas d’orage, ce qui fut d’ailleurs fait. « Nous consultions quatre sites différents, commente le président de la FFA Christian Vandenberghe, pas un n’affichait la même prévision ». Les consignes de bien attacher les bateaux avaient également été dispensées et respectées.
Mais c’est la seconde chute de grêle, à 22 h, qui a occasionné les dégâts que l’on connaît. « Cet épisode n’avait pas du tout été prévu, poursuit Christian Vandenberghe, et sa violence fut exceptionnelle. En 30 ans de carrière à Vichy, le commandant des pompiers nous a confié ne jamais avoir vu ça ». Devant le spectacle de désolation sur le parc à bateaux, chacun a alors tenté de sauver ce qu’il pouvait. Le palais du lac, bâtiment public, était logiquement fermé pour des raisons de sécurité. Il a été ouvert à celles et ceux présents, mais aussi au matériel. Plus tard dans la nuit, un message a été envoyé aux délégués pour annoncer la réunion du dimanche 5 juin à 8 h, et la décision de ne pas terminer les championnats a été prononcée, avec un protocole limité à une simple remise des médailles à une hiérarchie selon le code des régates.
« J’ai passé ma journée du dimanche au téléphone pour trouver des solutions, explique le président de la FFA, avec les présidents de ligues, le maire de Vichy et la préfète qui étaient présents sur place le dimanche matin, mais aussi Pascal Demurger, le président de la MAIF, qui m’a assuré qu’il soutiendrait l’aviron, avec des procédures simplifiées et une indemnisation rapide ».
Un soutien des collectivités et de l’Etat
Même scénario le lundi, pour permettre une poursuite de la saison dans les meilleures conditions possibles et connaître la situation dans les clubs. Des bourses de prêt de solidarité ont été instaurées dans chaque ligue, mais aussi des mesures sportives : un assouplissement des règles de sélection pour les France à Bourges, une réouverture des inscriptions en masters avec de permettre de changer les engagements en fonction des possibilités en termes de coques pour les clubs… « On mesure l’importance de la passerelle entre la fédération et les ligues dans ces moments-là », commente le président de la FFA. Des aides régionales ont été annoncées en Ile-de-France dès le mardi, incitant ainsi les autres ligues à faire appel à leur région de rattachement, dispositif qui devrait ainsi se mettre en place.
Le ministère des sports a lui aussi été mis dans la boucle, et devrait intervenir pour soutenir les clubs au travers de fonds de l’Agence nationale du sport qui va elle aussi, de son propre chef, réagir.
Mais c’est aussi le classement en catastrophe naturelle qui devrait être enclenché sous peu, offrant de nouveaux délais de déclarations et d’indemnisation, avec un engagement de l’Etat auprès de l’assureur qui va avoir une très lourde charge à supporter.
Club de l’aviron de Vichy : tout a été fait dans la mesure du possible
Alors que se terminait la première averse de grêle, certains avaient demandé à stocker les bateaux à l’intérieur du palais du lac, sans pouvoir finalement le faire et pointent maintenant la responsabilité du club vichyssois. « Nous ne pouvions pas le faire pour des questions d’assurance, explique son coprésident Thibaut Meslin, les lieux sont assurés pour accueillir du public, mais pas du matériel. Que se serait-il passé si nous avions accepté et que le toit s’était effondré, comme cela fut le cas pour de nombreuses entreprises ? ». L’exemple de L’Oréal, à quelques kilomètres de Vichy, est parlant : les locaux ont été balayés par la grêle et l’entreprise est fermée pour plusieurs mois, ses salariés sont placés en chômage technique. L’aérodrome de Vichy avait ouvert ses bâtiments aux avions les plus fragiles, son toit s’est effondré sur eux. « Nous avions fini par accueillir une soixantaine de coques devant l’ampleur de l’événement, poursuit Thibaut Meslin, mais il y avait 428 coques en compétition. Si nous l’avions fait avant, toutes n’auraient pas pu tenir à l’intérieur. Sur quels critères aurions-nous dû les choisir ? Où aurait été l’équité ? ». Le club vichyssois est lui aussi impacté par la grêle, comme tous les autres. Mais Thibaut Meslin rappelle que c’est toute une ville qui a été touchée, certains ont tout perdu. Plus de 2000 interventions ont été réalisées par les sapeurs-pompiers en 24 heures. « Il a aussi fallu ramasser, pour des raisons de salubrité, plus de 10000 animaux et oiseaux morts, quatre bennes d’équarrissage ont tourné sur la journée du dimanche. Des familles restent aujourd’hui sans logement hors d’eau hors d’air ».
Les dégâts sont colossaux.
Du côté de l’aviron, certains mettront du temps à s’en remettre, espérons que le mouvement de solidarité qui s’est instauré entre les clubs durera, montrant que l’expression « famille de l’aviron » a un réel sens.