Pour ses septièmes Mondiaux d’aviron de mer, Pierrick Ledard (Barneville-Carteret), vice-champion en 2018 et 2019, fait équipe avec deux jeunes, Arthur Sanson et Marine Delanoë.

Le sport regorge d’aventures humaines partagées entre un athlète expérimenté et un jeune loup qui a de l’énergie à revendre et encore tout à apprendre. Pierrick Ledard et Arthur Sanson s’inscrivent dans cette lignée. Les rameurs de Barneville-Carteret allient leur force ce week-end à Saundersfoot dans la catégorie du deux de couple hommes.
L’association fait mieux que tenir le coup, en témoigne le 4e temps de la série 2 signé par le duo sous un ciel dégagé. “Les places étaient chères pour intégrer la Finale A, retrace Pierrick Ledard, sept participations au compteur. On a pris un super départ qui nous place rapidement en tête. La concurrence a alors entamé une remontée. Il aurait été malvenu de répondre alors que notre objectif demeurait de se qualifier tout en conservant des forces.”
L’envie de transmettre
Assis à côté de lui, Arthur Sanson écoute attentivement, le teint blême. Il a souffert de courbatures toute la nuit et n’était pas au mieux dans le bateau : “Je n’ai pas très bien dormi. Cela s’est ressenti après une centaine de mètres. J’avais les jambes lourdes, c’était un peu compliqué mais j’ai tenu bon. Pierrick a bien géré la situation.” Le rameur de Barneville-Carteret, tout juste 20 ans, ne pouvait espérer meilleur guide pour ses premiers pas internationaux.

Pierrick Ledard, de 16 ans son aîné, traîne sa combinaison et ses avirons dans les compétitions de mer depuis de longues années. Son palmarès affiche deux titres de vice-champion du monde acquis au Canada en 2018 et à Hong Kong en 2019 avec Edwige Alfred, son illustre partenaire en mer. Au Pays de Galles, il a fait le choix exemplaire de s’allier à deux talents bruts de son club, Arthur Sanson et Marine Delanoë (25 ans).
“Elle a un potentiel physique impressionnant et affiche une progression fulgurante après seulement une année de pratique, déclare Pierrick Ledard à propos de sa coéquipière du double mixte. Ce serait dommage de laisser ces jeunes seuls dans leur coin alors qu’ils ont envie de progresser. J’étais comme eux. On m’a appris et, maintenant, je veux reproduire le schéma. Je ne vais pas pousser jusqu’à 50 ans, il faut assurer une continuité.”
Objectif Top 10
Son jeune partenaire poursuit : “C’est super plaisant de ramer avec Pierrick. Pour Marine et moi, c’est une chance de le côtoyer. Il est généreux et aime transmettre.” En mer comme sur terre, les deux hommes échangent énormément. Complémentaires, ils ont été sacrés vice-champions de France en 2021 et en 2022. “On se fait confiance. Arthur est à la nage, il gère la cadence. Mentalement, il tient la route, je sais qu’il ne va pas lâcher en chemin et je me repose sur sa force. De mon côté, je peux pratiquer ce que j’aime, c’est-à-dire la navigation”, résume l’expérimenté rameur.
Auprès de ses “apprentis”, Pierrick Ledard insiste d’ailleurs sur l’impact mésestimé de la tactique en aviron de mer : “J’ai eu la chance de faire des résultats grâce à ce petit plus. Je n’ai jamais été le plus fort physiquement. Les conditions sont tellement changeantes en mer qu’il ne faut pas se laisser endormir et être prêt à changer de plan en milieu de course.”
Son enseignement le plus important repose sur la confiance en soi. Il répète sans cesse à Arthur et Marine de “se relâcher” et de ne pas pâtir du “syndrome d’infériorité” qui l’a longtemps habité : “Pendant quelques éditions, je me sentais tout petit quand je me retrouvais face à des rameurs de rivière qui participaient, pour certains, aux Jeux olympiques. On a tendance à se sous-estimer en aviron de mer, à se dire qu’on ne peut pas rivaliser. Mais c’est un sport à part, où tout est possible. Arthur et Marine doivent se laisser porter et prendre du plaisir.”
Qualifié en Finale A du double hommes et du double mixte avec ses padawans, Pierrick Ledard remplit parfaitement son rôle de passeur de témoin et d’émotion.
JB