L’athlète du CNA Rouen a annoncé sur les réseaux sociaux vouloir lever le pied sur la compétition, en ne prenant notamment pas part aux mondiaux de Belgrade.

L’on a toujours un pincement au cœur lorsqu’un athlète annonce vouloir mettre sa carrière entre parenthèses, et que la décision est un peu amère. Il faut dire, pour certains, qu’on les a vus débuter. Adèle Brosse est de ces athlètes-ci. Elle a apporté quelques explications sur sa décision.
Il y a bientôt un an, plusieurs rameurs et rameuses prenaient un nouveau départ, dans un nouveau pôle. Pour Adèle Brosse et plusieurs autres, il s’agissait ainsi de rejoindre l’Insep, à Paris. « J’ai quitté ma vie nantaise, explique-t-elle, mais ce n’est pas chez moi Paris. En plus, on n’y est pas forcément bien. L’entraînement sur la Marne, ce n’est pas l’idéal. Sur ce point de vue, on était mieux à Nantes ».
Quand un athlète n’est pas bien mentalement, c’est également physiquement qu’il peut y avoir un ressenti. Adèle Brosse applique le programme du mieux possible, et au niveau personnel, a la sensation de ne pas s’y retrouver. « Je n’ai pas l’impression de m’en sortir et d’avoir assez de temps pour moi ». Et les résultats ne sont pas là pour aider. « Je m’entraîne plus, on va beaucoup plus au bout, avec des états de fatigue importants, j’attendais des résultats et ils sont moins bons que l’an passé. Si je mets en balance avec les sacrifices faits, on est loin du compte ».
Professionnellement, tout se goupille pourtant le mieux possible. Adèle Brosse est soutenue par une entreprise qui la recrute, Innovation Fluides à Joinville-le-Pont, avec laquelle elle conclut une CIP (convention d’insertion professionnelle), qui lui permet de s’entraîner en limitant l’impact financier pour l’employeur.
La contreperformance à Bled n’est pas là pour encourager les choses. « Je me suis posé des questions, j’ai ensuite fait Varèse avec Joséphine, à Lucerne on a fait dernières avec Emma. Cela m’a touchée. Il y a de l’espoir dans ce qu’on fait, mais cela devient trop dur pour moi par rapport aux gains possibles ».
Après Lucerne, les athlètes prennent quelques jours de vacances avant de reprendre le chemin de l’entraînement. « J’ai passé mon temps à dormir tellement j’étais fatiguée. Le programme est bien, mais on n’est pas tous capables d’absorber la même charge, , il y a une adaptabilité dans d’autres sports qu’on ne trouve pas chez nous ». A l’issue de l’étape de coupe du monde, Emma Cornelis et Adèle Brosse avaient ces quatre jours pour donner leur réponse au départ en stage terminal. « Déjà là-bas, après la réunion, je n’étais pas sûre de pouvoir et de vouloir le faire. Si on n’est pas à 100 %, il vaut mieux rester chez nous. J’en ai parlé à mon entraîneur, Yvan Deslavière, je n’ai pas réussi à m’entendre avec lui ». Sa décision est prise : Adèle Brosse refuse la proposition et ne va pas en stage terminal. « Sébastien Tant m’a appelé, c’est la seule personne au niveau fédéral qui a cherché à comprendre ce qui se passait. C’était la première année où j’étais accompagnée, avec une entreprise concernée où ça se passe bien, ça a joué, je m’épanouis à côté, je me plais dans ce que je fais. Quand tu fais aviron depuis tout jeune, on ne se voit pas ailleurs, et grâce à ce travail ça se passait trop bien à l’extérieur, et trop mal à l’intérieur, je me le cachais aussi. J’ai besoin de fraîcheur morale, je ne l’ai pas. J’accepte beaucoup, mais j’ai mes limites ». Adèle Brosse va continuer à ramer pour son club, mais elle va pour l’instant ranger la combinaison tricolore.