Déjà multiple médaillé avec l’équipe de France paralympique de biathlon à 34 ans, Benjamin Daviet quitte maintenant les skis pour prendre les pelles et brigue une place en équipe de France paralympique d’aviron.

Rien ne le destinait à un jour monter dans un bateau d’aviron. Surtout pas sa région d’origine ! Au Grand Bornand, ce sont des skis que l’on chausse. Benjamin Daviet fait donc du foot, et du ski alpin, quand un accident de mobylette à l’âge de 17 ans vient tout interrompre. « Je me suis fracturé le condyle, se souvient-il, mais j’ai ensuite été infecté par un staphylocoque doré ». La bactérie s’attaque au cartilage et à l’articulation du genou, engendrant une arthrodèse naturelle. Il lui est alors impossible de plier le genou et sa jambe reste en extension.
En 2010, il rechausse les skis se met également au biathlon. « Jean-Claude Blanc, qui s’occupait de la section handisport de ski alpin au Grand Bornand, m’a donné le téléphone du comité départemental. J’ai ensuite eu les coordonnées de l’entraîneur de l’équipe de France paralympique, David Julien, qui m’a invité sur un stage à la Féclaz en mars 2011. Je m’étais libéré de mon travail (il était alors plombier, NDLR) pour passer trois jours avec eux. Ils ont repéré que j’avais du potentiel, ils m’ont intégré ».
Rencontre avec l’aviron
Le hasard lui fait alors rencontrer Perle Bouge, quelques années plus tard. « nous avions un stage de préparation. Perle nous a fait découvrir la discipline. Mais j’avais les Jeux d’hiver en 2018, j’ai donc continué sur la neige. On m’a proposé de venir à l’aviron, mais vu mes résultats, j’ai souhaité continuer jusqu’en 2022 ».
C’est après ces Jeux paralympiques d’hiver qu’il a ressenti le besoin de souffler avec le biathlon. « J’avais été porte-drapeau, mais j’ai décidé en 2022 de me lancer dans l’aviron ». Un sport dans lequel il retrouve les sensations de glisse. « Il y a aussi l’endurance, et c’est un sport de pleine nature, on est à l’extérieur, au calme, c’est aussi ce que je retrouve dans le ski ». Quoi d’étonnant pour un montagnard ?
Rapidement, Charles Delval, responsable du projet Ambition para 2024, repère le portentiel de Benjamin Daviet. Il commence par faire du skiff, et les résultats de Belgrade, mais aussi l’arrêt de Stéphane Tardieu avec la compétition, conduise Benjamin à monter dans le deux de couple mixte PR2. « Ca se passe très bien, explique-t-il, on se connaissait déjà un peu avant. Elle a de très belles qualités, un bon caractère. Et on a les mêmes objectifs : progresser pour décrocher la qualification pour les Jeux de Paris 2024 ».
Pour l’instant, ils s’entraînent donc régulièrement ensemble. « Ensuite, il faudra voir à Cazaubon, aux France bateaux courts, ce qu’il se passe. Si quelqu’un de meilleur que moi débarque, ce ne sera plus moi dans le bateau ».
Des points communs les aident à avancer ensemble. « On est tous les deux sportifs de haut niveau, on a vécu les Jeux paralympiques, on y a été médaillés. Tout cela, plus notre mental, ça fait notre force ».
Benjamin Daviet continue néanmoins le biathlon. « Il faut être organisé, ce n’est pas toujours facile, surtout quand on est jeune papa, mais ce n’est pas infaisable. Pour l’instant, ça se passe très bien, ma femme aussi est dans le milieu sportif, elle comprend donc cet aspect-là ».