Bernard Bourandy lors du baptême de la base de Soustons en 2021.
Il aura donné 24 années de sa vie au service de l’aviron français : 8 ans en tant qu’entraîneur national et 16 ans comme directeur technique national, de 1968 à 1984. Bernard bourandy faisait partie des personnalités qui ne laissent pas indifférent. Il y a quelques années, Christine Gossé nous confiait, en revenant sur sa carrière : “Aux Jeux de Barcelone, on a fait quatrièmes. Pour moi c’était fini. Mais la semaine suivante, au village olympique, je rencontre Bernard Bourandy, c’est un monument de l’aviron. Il travaillait pour la mission olympique et m’a convaincue de ne pas arrêter, me disant que je n’avais jamais été aussi près du podium”.
Le 2 octobre 2021, la famille de l’aviron français se retrouvait sur les berges du bassin de Soustons et sa tour d’arrivée pour leur donner le nom de Bernard Bourandy. Il était entouré de sa famille et d’anciens champions d’aviron venus en nombre. Un hommage rappelant le quart de siècle durant lequel il a marqué la fédération de son empreinte indélébile. Denis Masseglia, ancien président emblématique de celle qu’on appelait auparavant la FFSA, a su trouver les mots justes pour rappeler l’action considérable et engagée menée par “Johnny”, affectueux surnom qui lui avait été donné. Un surnom avec lequel Alexandre Boyon lui avait rendu hommage à l’époque dans nos colonnes et que nous publions à nouveau.
“N’en déplaise à Laetitia, la France peut s’enorgueillir d’avoir deux monuments qui portent le même nom. Johnny, ça claque comme un riff de guitare devant des milliers de fans mais aussi comme la prise d’eau simultanée de huit avirons… Puissant, précis, galvanisant.
Si dans sa jeunesse l’un des deux était plus « idole des jeunes » que l’autre, au fil du temps tous deux sont devenus des icônes des (moins) jeunes. Bernard Bourandy est bien un monument du sport français. De l’aviron bien sûr. Rameur, entraîneur, DTN, au fil de l’eau, il a emmené beaucoup de bateaux et de rameurs dans son sillage, leur donnait l’envie d’avoir envie.
Figure de proue de son sport, il était le capitaine d’un navire qui face aux armadas de l’Est avait du mal à accoster aux podiums. Ado, comme beaucoup de rameurs, j’attendais le premier week-end de septembre. Au début des années 80, l’aviron y avait droit à sa fenêtre médiatique. Aux côtés de Richard Diot, Bernard commentait les finales des Championnats du Monde. Le Huit Français faisait partie du top six mondial, le Quatre de couple surtout ramenait des médailles en devançant des athlètes aux préparations discutables et depuis avérées.
La première fois que j’ai rencontré Bernard, c’était à l’occasion de l’assemblée de la fédération française à Lille. Il était venu prendre l’apéritif chez nous. Son charisme et sa voix rocailleuse impressionnaient. Mon père ancien rameur et lui se connaissaient.
Notre sport se transmet souvent de père en fils, où il y a du gène y’a du plaisir.
Clin d’œil de la petite histoire, Patrick son fils est par la suite devenu mon entraîneur. Il n’y a pas de hasard, juste des rencontres.
J’ai aussi eu le bonheur de croiser souvent Patricia sa fille sur les grands événements olympiques ou lors d’évènements au CNOSF.
Chez ses enfants, ce même sourire, ce même regard, la même bienveillance.
Après son parcours fédéral, Bernard a mis son savoir-faire au service de la Préparation Olympique, un poste sur mesure pour quelqu’un aussi à l’aise sur le terrain sportif que politique. Sa personnalité, ses convictions et sa « science diplomatique » lui ont permis de tenir face aux changements de ministres et de gouvernements. S’il était capable d’allumer le feu, il avait le don très utile d’éteindre avec la même aisance les incendies.
Comme Jean-Philippe Smet, Bernard résiste aux courants, aux modes, aux partis sans doute parce que son unique parti pris est bien plus rassembleur : celui du sport et de ses valeurs.
Les grands monuments sont ceux qui s’inscrivent dans le temps. Aujourd’hui, sur l’esplanade de Bercy est érigée une Harley-Davidson bleue au sommet d’un manche de guitare de 5 mètres de haut.
A Soustons, on ne mettra pas une remorque à bateaux suspendue sur une pelle d’aviron. Les landais ont du goût. Ils préfèrent associer le nom de Bernard Bourandy à leur plan d’eau, une reconnaissance élégante et méritée pour un Homme inspirant.
Quand ils embarqueront sur ce bassin où se sont préparés tant de champions, les jeunes rameurs y seront désormais inconsciemment guidés.
On a tous en nous quelque chose de Bourandy.