C’est ainsi que le directeur technique national Sébastien Vieilledent a qualifié les championnats de France bateaux courts qui se sont tenus du 5 au 7 avril sur le lac de l’Uby. Ils mettent ainsi un terme à la sélection individuelle, laissant place à la sélection collective.

Tout appelle au calme lorsque l’on rentre sur le site des championnats de France bateaux courts. L’agitation n’est que sportive : des rameuses et des rameurs qui s’échauffent au sol avant de partir sur l’eau, des entraîneurs qui diffusent les dernières consignes, un public attentif plus que festif… Et pour cause, l’enjeu est de taille : il s’agit de la dernière étape du chemin de sélection individuelle pour entrer en équipe de France. » Les qualifiés qui avaient un passage aux championnats de France bateaux courts plutôt orienté sur un contrôle d’entraînement, commente le directeur technique national Sébastien Vieilledent, où l’on prend toujours des informations, mais autour de ces bateaux on avait déjà sélectionné un précollectif depuis le 31 décembre 2023. Pour les bateaux non-qualifiés, un passage plus couperet ici, faisant partie du cadre individuel du chemin de la sélection ». Et pour cause : en été, c’est à Paris que les choses se passeront.
Mais hormis les bateaux du collectif OLY, il s’agissait pour les J18 et les U23 d’un passage obligé pour prétendre enfiler la combinaison tricolore. Un passage que certains ont réussi avec brio, mettant parfois à mal les athlètes du groupe olympique. Pour d’autres, si Cazaubon a son importance, cela reste le dernier point d’étape d’un chemin qui compte beaucoup d’autres repères susceptibles de rattraper une contreperformance sur le lac de l’Uby.
La météo a été plus clémente que l’an dernier, permettant de respecter l’intégralité du programme sans avoir à revenir dessus. On se souvient du report des séries au samedi, en raison d’un vent fort et persistant. Mais cette année, même si le vent s’est à nouveau invité dans les débats, pas de report à signaler. « On est un sport d’extérieur », lâchait Sébastien Vieilledent.
Et en effet, l’on a pu assister à de belles courses. Les têtes de rivière ont parfois soulevé des questions, mais tout était rapidement rentré dans l’ordre et les questions sur la hiérarchie s’effaçaient rapidement. Même chose en demi-finales, même si certains nous ont fait peur, notamment en skiff et en skiff poids léger masculins où des favoris aux podiums se retrouvaient sur des lignes d’eau extérieures pour les grandes finales. Mais c’est aussi ça Cazaubon ! Même si l’on a l’impression que rien ne change, il y a parfois quelques accrocs à ce tableau presque pittoresque du fin fond du Gers.
Des résultats satisfaisants en J18
Comme d’habitude, ce sont les J18 qui ont débuté la matinée de finales sur l’Uby. Des finales sans grande surprise, tant les rameuses et rameurs qui avaient démontré leurs intentions sur les courses précédentes ont su s’imposer avec la manière, hormis en skiff féminin où le résultat fut plus serré, avec une victoire de Lou Philippe avec moins d’une seconde sur sa poursuivante.
Le DTN ne cache pas sa satisfaction sur le projet Génération 2024-2028. « Les résultats sont en phase avec l’hiver, avec les directions d’appairage entre les clubs, avec une note plus positive que ce qu’on avait eu en première analyse de potentiel et de niveau. Ces championnats sont donc intéressants et positifs ». Le prochain rendez-vous pour les J18 sera dans un premier temps la régate de sélection 1, suivie par les régates internationales de Munich. Pas de championnats d’Europe, le board européen ayant recalé leur date en même temps que leurs équivalents français. Ensuite, direction Sainte-Catherine pour les mondiaux U19.
Des seniors qui confirment ou valident leur statut
Comme cela a été expliqué par le DTN, pour certains Cazaubon ne représentait pas un couperet, mais plus un contrôle d’entraînement en courses en ligne. Pour d’autres, l’enjeu était de confirmer un classement, un temps, une position dans la hiérarchie pour envisager la suite. Et au passage, de récupérer quelques médailles, voire des fanions tricolores.
Les premiers à avoir confirmé leur statut furent les rameurs du quatre sans barreur tricolore, lors de la finale du deux sans barreur. Une finale qui, sur l’enlevage, a tourné à l’avantage des frères Turlan, dans une course pourtant menée par Téo Rayet et Benoît Brunet. « »C’est un bon résultat, note Thibaud Turlan, cela confirme les bons résultats du groupe. C’est notre premier titre à Cazaubon, c’est un point d’étape, mais cela montre que l’on a progressé, et on peut le partager avec le club et les jeunes ». Les Chambériens Armand Pfister et Florian Ludwig complètent le podium. « On a un championnat d’une grande stabilité avec de belles performances, et aller sur un dynamique de calendrier classique, avec un passage aux Europe, un groupe confirmé dans sa dynamique et la présélection faite. Les deux jeunes font une très belle régate, il y a de la continuité et de la confiance dans le groupe, cela crée de l’opportunité ». Chez les femmes, Emma Cornelis et Joséphine Cornut-Danjou ont confirmé leur position de leaders, elles sont suivies par Fleur Vaucoret et Léo Herscovici, puis Maya Cornut-Danjou et Pauline Tollard Rossignol. « On a une paire qui se détache, une paire plus jeune qui s’intercale, explique le DTN, déjà intercalée avec Fleur Vaucoret l’an dernier. Il est important de prendre en considération ces jeunes rameuses performantes. Il y a Paris 2024, mais il y a la suite aussi. Il faut trouver le bon équilibre entre les projets à court et long terme ».
En skiff poids léger, Claire Bové conserve son titre, Laura Tarantola renoue avec l’argent et Aurélie Morizot décroche le bronze. Chez les hommes, c’est Ferdinand Ludwig qui s’empare du fanion tricolore, Hugo Beurey a bataillé mais empoche finalement l’argent, Baptiste Savaete le bronze, comme il y a deux ans. « . On est très satisfaits du week-end des groupes poids légers hommes et femmes. On était très satisfaits de l’hiver du groupe femmes, beaucoup de travail. On a encore un long chemin à parcourir, mais les signaux sont au vert. Même chose sur le groupe hommes, avec de belles performances, de belles confirmations, malheureusement pour nous et pour eux, on a subi des aléas médicaux, mais malgré ça, on est sur une belle dynamique et une remontée en puissance ».
Du côté des TC, Elodie Ravera-Scaramozzino revient très fort et remporte l’or devant Margaux Bailleul, et Jeanne Roche le bronze. Emma Lunatti est actuellement blessée, mais devrait revenir une fois la reprise validée. » Tout se passe bien, précise le DTN. Le bateau est sur la stabilité, et Margaux Bailleul a toute notre confiance, notamment au regard des points de passage du chemin de sélection ». Pour le quatre de couple par contre, il est plus indécis. « C’est un projet complexe de qualification, on le savait. L’hiver a été complexe dans le chemin de sélection et continue à l’être dans les résultats sur ces championnats bateaux courts. On a besoin de réfléchir pour savoir où on va. Avoir d’avoir un quatre, il faut savoir qui on met pour la performance, on essaie de démêler les résultats qui ne sont pas forcément ceux qu’on escomptait ».
Chez les hommes, il ne cache pas, au vu des résultats du week-end, être resté sur sa faim. Hugo Boucheron a ravi le titre à son coéquipier Matthieu Androdias qui remporte l’argent au terme d’une belle remontée, Yoann Lamiral conserve le bronze acquis en 2023. » Sur le double hommes TC, on est aussi sur cette stabilité de présélection au 31 décembre, avec des choses dans l’ordre mais sur lequel il est important de mettre une pointe d’attention ; on a de grands enjeux sur ce bateau-là, on a eu un hiver compliqué avec la situation de Matthieu Androdias, un bon hiver pour Hugo Boucheron, mais il ne faut pas qu’on se repose sur nos lauriers concernant les performances de ces deux grands champions qui ont la capacité de faire de grandes choses au niveau international, mais pour le faire, il faut valider des choses intéressantes ».
En para-aviron, l’étape gersoise était moins cruciale, car ne figurant pas au chemin de sélection, des piges se déroulant cette semaine sur le lac de l’Uby. Les têtes d’affiches étaient toutefois au rendez-vous, avec notamment Margot Boulet qui remporte le titre en deux sans barreur avec Lucie Blaques. Laurent Cadot confirme en skiff PR3, sa coéquipière Elur Alberdi de même chez les femmes. En skiff PR1, Alexis Sanchez devance Pascal Danière, Nathalie Benoit remporte elle aussi le titre, et Perle Bouge, seule concurrente en PR2, également. Chez les hommes, c’est Benjamin Daviet, avec qui elle est associée pour préparer la saison internationale, qui l’emporte. « Dans le cadre du chemin de sélection, les championnats de France bateaux courts n’étaient pas un passage obligatoire et intégré à toutes les catégories para. Les piges qui vont se passer à Cazaubon ces prochains jours vont être un moment important. Quand tu t’inscris quand même sur ces championnats, tu prends toujours de l’info ».
Des championnats de France bateaux courts qui auront donc été productifs, et qui vont maintenant laisser place à la saison internationale. La dernière ligne droite avant Paris 2024 !
Fabrice Petit