La dernière étape de coupe du monde s’est achevée hier à Poznan. Dix-neuf bateaux étaient envoyés sur place par la Fédération française d’aviron, avec des objectifs différents selon les équipages.

Poznan fut la dernière étape de la coupe du monde d’aviron World Rowing. Un dernier rendez-vous pour tous les participants, mais chacun avec sa propre échéance estivale. Ainsi, les équipages olympiques présents étaient venus glaner les dernières informations sur la concurrence avec les Jeux fin juillet. Même enjeu pour les paralympiques, avant leurs propres Jeux fin août. Pour quelques autres, ce sont les mondiaux U23 et non-olympiques à la mi-août, au Canada, qui étaient en ligne de mire.
Des objectifs qui étaient partagés par les différentes embarcations de l’équipe de France, composée en Pologne de dix-neuf embarcations.
Ainsi, des cinq bateaux qualifiés pour les Jeux olympiques, on en retrouvait quatre : les deux de couple poids léger et les deux de couple TC. Côté para, un deux de couple mixte PR3 et le quatre barré mixte PR3 étaient sur place.
Sur les dix-sept autres bateaux, là encore les objectifs différaient.
Pour les jeunes rameurs U23, il s’agissait pour eux de se confronter au très haut niveau international, avant de prendre part à leurs championnats cet été à Sainte-Catherine, au Canada. Pour les skiffeurs poids léger, qui ont tenu à la fois leur rôle de remplaçant et de compétiteur sur certains rendez-vous, même but. Pour d’autres embarcations seniors de disciplines olympiques, ils continuaient la saison sur des projets qui vont rester actifs sur la prochaine olympiade, comme la pointe féminine, mais aussi masculine.
Dix-neuf bateaux : de quoi donner le tournis ! Une flotte avec deux bateaux dans certaines catégories, aux côtés des équipages olympiques qui venaient rencontrer une dernière fois leurs futurs adversaires. Car il y avait du monde à Poznan. Pas forcément tout le monde, mais du beau monde, même si dans quelques disciplines, le nombre d’engagés a engendré un système de progression très strict en séries, voire simplement des courses préliminaires. Comme en deux de couple PL masculin où seulement quatre bateaux ont pris le départ, dont deux tricolores.
Quant aux médailles sur cette étape de coupe du monde, la France en a décroché six. Un ratio d’un tiers, mais qui ne doit pas inquiéter sur le volume, avec de nouveaux équipages notamment U23 qui affrontaient de grosses écuries qualifiées aux Jeux, mais qui peut poser quelques questions et quelques interrogations, selon que le résultat soit positif ou négatif.
On peut commencer à regarder les médailles du côté des disciplines olympiques. Le deux de couple PL avec Hugo Beurey et Ferdinand Ludwig a remporté l’or, l’autre bateau tricolore avec Cornélus Palsma et Antoine Lefebvre le bronze. Face à eux, deux bateaux, les Argentins et les Mexicains. Ces derniers prendront part aux Jeux avec le premier bateau français. « On est venus pour faire des courses de préparation pour les Jeux, expliquait Hugo Beurey. On s’attendait à avoir les Suisses qui ont finalement dû faire forfait. On s’est dit qu’on allait faire deux courses à fond pour prendre des repères. Aujourd’hui, on fait une bonne fin de parcours. On repart contents, on a validé de bonnes choses ». Les deux peuvent en effet s’estimer contents. Le premier revient de loin et est passé par la régate finale de qualification, le second va pouvoir s’aligner sereinement aux mondiaux U23 au Canada.
Pour son équivalent féminin, Laura Tarantola et Claire Bové ont quant à elles remporté l’argent. Qualifiées elles aussi à Lucerne, les vice-championnes olympiques de Tokyo affrontaient les Néo-Zélandaises, finalistes l’an dernier aux mondiaux de Belgrade, compétition depuis laquelle elles ne s’étaient pas alignées à l’international. « On est venues surtout prendre des repères, commentait Claire Bové, pour participer à une coupe du monde et une compétition où on se fait plaisir. C’est chose faite. C’est vrai qu’on n’est pas venues dans le meilleur état de forme ». « C’est bien de rentrer avec un podium, notait également Laura Tarantola, ça fait longtemps qu’on n’est pas montées dessus, c’est chouette cette médaille autour du cou ».
Les Britanniques n’étaient pas présentes. Bateau phare sur l’olympiade, elles seront des adversaires redoutables, comme d’autres nations qui ont montré leur capacité à monter sur le podium olympique sur les derniers Jeux des poids légers.
Une grande interrogation concerne un autre bateau médaillé : le deux de couple féminin. Emma Lunatti avait retrouvé la compétition à Lucerne avec Margaux Bailleul, mais un résultat décevant (fond de finale B) avait conduit la FFA à se poser des questions quant à la composition de l’équipage. C’est finalement Elodie Ravera-Scaramozzino qui a été retenue pour accompagner Emma Lunatti à Poznan, avec réussite ! Le bateau est monté sur la troisième marche du podium. « On n’a jamais fait de bateau ensemble avec Elodie, commentait Emma Lunatti, c’était surtout pour chercher à se trouver, surtout dans le 1000 du milieu, quand on aura appris à se connaître et à ramer plus facilement et à moins s’épuiser au niveau physique ». Des propos qui peuvent laisser penser que la rameuse de l’Encou pourrait définitivement rejoindre la Grenobloise dans la coque pour les Jeux.
Enfin, l’autre question pourrait venir du deux de couple masculin. Après une étape de coupe du monde à Lucerne très compliquée, tout le monde les attendait sur le lac Malta. Victorieux en série et en demi-finale, Hugo Boucheron et Matthieu Androdias n’ont néanmoins pas pu reproduire la même course sur la finale A. Troisièmes à mi-parcours, ils ont ensuite perdu peu à peu du terrain au profit de leurs adversaires, pointant à la cinquième position à l’arrivée. « Les deux premières courses ont été exemplaires, note Alexis Besançon leur entraîneur, les consignes par rapport à Lucerne étaient d’aller chercher la gagne. Sur la première course, on a eu de bons indicateurs, ils ont fait un troisième 500 plus rapide que le deuxième, pareil en demi-finale, ça récompense le travail. Mais ils ne tiennent pas ça en finale, c’est encore trop juste, il nous faut le stage terminal pour être capables de continuer à aligner des parcours de ce niveau-là ».
En quatre barré mixte PR3, après la course préliminaire, Candyce Chafa, Rémy Taranto, Grégoire Bireau, Margot Boulet et la barreuse Emilie Acquistapace retrouvaient encore leurs adversaires britanniques, mais aussi les Américains. Et ce sont une nouvelle fois ces deux bateaux qui se sont emparés de la première et de la deuxième place, les Bleus décrochant le bronze. Rendez-vous est pris, dans deux mois, aux Jeux paralympiques. « C’est la dernière compétition, expliquait Margot Boulet, avec toutes les nations qui étaient là. Cela fait du bien pour nous, qui n’avons pas été médaillés l’année dernière, de revenir dans le jeu juste avant les Jeux ». Grégoire Bireau ajoutait : « on a vu où on était par rapport à la concurrence, c’est bon signe parce qu’on est sur le podium, on ne va pas lâcher et aller chercher la médaille de la meilleure couleur possible à Paris ».
Le samedi, c’est Aurélie Morizot qui était monté sur la plus haute marche du podium, en skiff poids léger. Là encore, des courses supplémentaires en attendant l’échéance du mois d’août au Canada. « Un deal » passé entre la FFA et les deux skiffeurs qui ont donné du temps et de la sueur dans le rôle de remplaçant des doubles PL olympiques, comme nous l’avait déjà expliqué Baptiste Savaete, sixième dans sa finale A.
Autre bateau paralympique présent, le deux de couple mixte PR3, avec Elur Alberdi et Antoine Jesel, dans une composition de travail, qui sont passés par les repêchages pour entrer en finale A. Ils étaient alors alignés contre les Australiens et les Américains, respectivement médaillés d’or et d’argent lors des mondiaux de Belgrade. Les tricolores n’avaient pas ont conservé la cinquième position sur l’ensemble du parcours.
La ponte féminine était elle aussi en finales A : Maelys Dournaux, Hezekia Peron, Léontine Fouquet et Jeanne Sellier en quatre sans barreur féminin, ainsi qu’Emma Cornelis et Joséphine Cornut-Danjou, aux côtés de Fleur Vaucoret et Léa Herscovici, en deux sans barreur.
Les autres bateaux ne sont pas entrés en finales A, mais là n’était pas la principale attente : l’essentiel était de prendre des indicateurs, chacun pour son niveau, et d’engranger des parcours qui seront nécessaires avant l’échéance de cet été.