L’équipe de France est rentrée des mondiaux de Belgrade avec seulement deux médailles dans les catégories paralympiques. Deux médailles qui ont généré des larmes de joie, et des sourires qui pétillent.

Le bilan global, sur lequel on reviendra en détails dans les prochains jours, fait penser à celui de Linz il y a quatre ans, mais il ne doit pas occulter les deux médailles décrochées par deux équipages de l’équipe de France paralympique, et qui portent une histoire.
La première médaille remportée le fut vendredi après-midi, par Elur Alberdi et Laurent Cadot qui ont fait trembler les tricolores. Les Australiens, médaillés d’or à Varèse, ont pris rapidement la tête de la course. Les Américains ont pris la seconde place dans leur sillage, laissant les Britanniques et les Français se disputer la troisième marche du podium. S’en est suivi, à distance, un jeu du chat et de la souris, les uns repassant devant les autres, pour que ce bord à bord séparé par quatre lignes d’eau tourne à l’avantage des Français qui ont remporté le bronze. Une belle réussite pour le duo français qui s’est retrouvé sur l’eau il y a seulement 15 jours, après le retour d’Elur Alberdi suite à un lymphome qui a nécessité un traitement par chimiothérapie. Quand on demande aux deux rameurs quelle est la plus belle médaille, entre l’or à Racice ou le bronze ici, la réponse est unanime : « celle-ci, elle a le goût de la vie et de l’espoir. Avoir cette médaille en plus de la qualification pour Paris, c’est juste incroyable. On la croque à pleines dents. On a une belle équipe, à quatre avec Guylaine Marchand et notre entraîneur Loïc Mariage ». Les deux Français ont maintenant un an pour se préparer, rattraper le temps et progresser. « Ce qu’on a fait en si peu de temps, ajoute Elur Alberdi, c’est énorme, on a une grosse marge de progression ».
La deuxième médaille n’a pas engendré de Marseillaise sur les bords du lac Sava, mais c’est une Marseillaise qui l’a décrochée. Nathalie Benoit a elle aussi fait trembler les Français, nombreux à l’encourager sur les bords du bassin. Elle l’admet elle-même, au vu de son départ, qu’elle n’y croyait plus. La Norvégienne Birgit Skarstein a pris le leadership de la finale A du skiff féminin PR1, avec juste derrière elle l’Israélienne Moran Samuel et l’Ukrainienne Anna Sheremet. Mais Nathalie n’allait pas baisser les bras. Surtout qu’en voyant ses prédécesseuses craquer, elle a commencé à remonter son retard, les faisant craquer et reprenant la deuxième place dans le dernier 500, avec sur la ligne d’arrivée l’argent mondial. « Après un kilomètre, j’ai ressassé, sourit la Marseillaise, me disant mais pourquoi t’as fait ça ? Les 1000 premiers mètres sont passés plus rapidement que d’habitude, je n’ai donc pas fait une si mauvaise course que ça malgré le départ chaotique ». L’écart avec la skiffeuse norvégienne se réduit, même si elle reste prudente. » Voir qu’on se rapproche avec Birgit Skarstein, c’est motivant, mais je suis toujours sur la réserve. En un an on sait qu’elle peut faire des bonds, on va essayer de faire les mêmes bonds qu’elle, ça va être dur mais on va s’accrocher. Je savais que tout le monde était là, ou derrière l’écran. Les coachs m’ont portée, ils ont crié tout le long, je n’étais pas toute seule dans le bateau, c’est ce qui m’a sauvée aujourd’hui. On sent toute cette positivité ; ça transmet beaucoup de choses. Le skiff, c’est particulier parce qu’on est toute seule, mais en fait pas réellement, je m’en suis rendue compte sur cette course ».
Deux médailles qui ont donné le sourire, à chaque fois, aux Bleus et à ceux avec qui elles ont été partagées.