Championne de France et d’Europe de Beach rowing sprint, la Niçoise a également récolté une médaille d’argent aux Mondiaux de Barletta (Italie). Elodie Ravera-Scaramozzino s’oriente désormais vers un nouveau projet puisqu’elle a retrouvé l’INSEP hier afin de tenter de qualifier une coque pour les Jeux olympiques de Paris 2024.
Sommes-nous vraiment certains qu’Elodie Ravera-Scaramozzino découvrait le Beach rowing sprint ? Bien qu’elle soit formulée sur le ton de l’ironie, la question mérite d’être posée car la Niçoise a bouclé sa première année dans la discipline en empochant quasiment toutes les couronnes possibles. Championne de France et d’Europe, elle a également décroché l’argent du solo féminin senior des Mondiaux à Barletta (Italie), le 2 octobre.
Une triple consécration inédite que la nouvelle tête d’affiche du Beach français a commentée pour MAG AVIRON avant la cérémonie de remise des médailles. L’occasion, aussi, d’évoquer son avenir puisque Elodie Ravera-Scaramozzino nous a naturellement annoncé son retour à l’INSEP, dans le groupe “couple”, qu’elle a effectué hier. A 28 ans, la rameuse aux deux olympiades souhaite se replacer dans la course à Paris 2024.
Que représente cette deuxième place aux Championnats du monde de Beach rowing sprint ?
J’étais venue pour l’or. Mon leitmotiv du moment, c’est la gagne ou rien. Je suis restée concentrée jusqu’à la finale avec cet objectif en tête. En plus, je sortais d’une course de feu en demi. Malheureusement, les vagues étaient moins favorables en finale. Je n’ai pas bien su les prendre. Ç’a même failli me coûter un flip mais je me suis bien reprise. J’avoue avoir manqué un peu de lucidité dans la direction. J’étais loin et je prenais toutes les vagues. Je reste cependant satisfaite de ces Mondiaux. Je les abordais avec un peu moins de confiance et de fraîcheur que les Championnats d’Europe. Je suis très contente d’être vice-championne du monde même si, aujourd’hui (lundi 2 octobre, NDLR), je me sentais capable de gagner. Bravo à Janneke (van der Meulen, NDLR), elle a mieux géré que moi.
Avec un peu plus de recul, qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le Beach ?
Son caractère incertain, le fait que rien n’est joué d’avance. Si tu es la favorite, tu stresses quand même. Et quand tu es outsider, tu tentes le tout pour le tout car tu sais que l’impossible peut se réaliser. C’est ce qui me plaît et me déplaît dans ce sport. Les conditions changeantes, aussi. J’aimerais apprendre à mieux appréhender les conditions changeantes, les vagues qui sont déstabilisantes, surtout avec les bateaux Filippi. Maîtriser un peu plus les rouleaux et la sortie du bateau, histoire de me faire plaisir du début jusqu’à la fin de la course…

De gros moyens ont été alloués pour les Mondiaux, notamment dans l’accueil des spectateurs avec ces deux tribunes. Ça vous a plu de vous retrouver dans une sorte d’arène ?
Oui, c’était super ! Honnêtement, j’étais dégoutée de ne pas courir dimanche car il y avait une ambiance de folie avec les tifosi. Je regardais le live avec envie. C’est la première fois que je voyais autant de public pour un évènement d’aviron. En rivière, on ne l’aperçoit pas. Tout était cool : l’ambiance, la musique, la tension sur la ligne de départ quand tu te retrouves à côté de ton adversaire… Le Beach rowing sprint, c’est la gagne ou rien. Ça passe ou ça casse. J’adore ça !
Votre première année est couronnée de succès : vous raflez les titres nationaux et européens, ainsi qu’une médaille d’argent mondiale. Vous attendiez-vous à des débuts aussi réussis ?
Non ! Si on m’avait présenté ce programme au moment où je me suis lancée, j’aurais signé tout de suite. Le Beach, c’est un tout autre sport. J’ai beaucoup appris cette année. Aux Mondiaux, j’étais au top puisque j’avais deux trois compétitions dans les pattes, même si je dois revoir certaines choses pour être plus régulière dans mes performances. Mon quart de finale était très moyen ; ma demi-finale parfaite ; la finale moyenne. L’objectif est de répéter sur tout un championnat ma prestation de la demi-finale. J’ai encore beaucoup à apprendre. Ce sera pour un peu plus tard.
Pourquoi ?
Parce que je retourne à l’INSEP avec un projet olympique. Je vais tenter de qualifier un bateau pour les Jeux olympiques de Paris 2024 et gagner ma place. Il s’agit d’un nouveau challenge. Je suis contente de finir cette année en Beach sur une note positive. Je reviendrai si on me le permet.

Expliquez-nous ce projet olympique.
Je commence l’entraînement à l’INSEP lundi (hier, NDLR) dans le groupe “couple”. Je vais essayer d’être la meilleure possible afin d’apporter un maximum au collectif. Le but est d’assurer la qualification pour les Jeux de Paris. (D’un air déterminé) Je sens que j’en ai envie. J’ai fait table rase du passé, j’ai réussi à le mettre dans un côté de ma tête. Je me sens plus libérée, différente. J’ai envie de voir ce que ça peut donner. Je sais que ça va être dur au niveau de l’entraînement. Je m’attends à des hauts et des bas. Mais je vais essayer de garder la tête haute. Je veux apporter ma contribution au groupe pour porter la France le plus haut possible.
Lorsque vous aviez annoncé votre retrait de l’équipe de France à Mag Aviron, vous aviez cependant laissé la porte ouverte à l’EDF. Est-ce la perspective de disputer des Jeux à la maison qui a motivé votre décision ?
Ce qui m’attire, c’est de me dire que je suis encore capable de le faire et que je n’ai pas envie de laisser passer cette chance. Ce sont des Jeux à la maison. Je n’avais pas réellement pris la mesure de l’évènement à la sortie des JO de Tokyo. A l’époque, il y avait vraiment beaucoup de choses à digérer. Je vois les choses différemment maintenant.
Quand est-ce que le déclic est intervenu ?
J’en ai vraiment pris conscience au défilé du 14 juillet quand j’étais avec tous les sportifs. J’écoutais les athlètes des sports d’hiver qui disaient que les Jeux en France seraient exceptionnels. Le déclic a eu lieu là-bas. Mieux vaut tard que jamais, me direz-vous. (Elle sourit) On verra ce que ça donnera.
Propos recueillis par Jérémie Bernigole