Hugo Boucheron et Matthieu Androdias : un titre olympique construit sur une histoire humaine

17 ans que la France attendait de décrocher à nouveau une médaille olympique en deux de couple masculin. Et c’est sous les yeux de leurs prédécesseurs Sébastien Vieilledent, aujourd’hui directeur technique national, et Adrien Hardy, consultant pour France Télévision, que Matthieu Androdias et Hugo Boucheron se sont offert la plus belle des médailles : l’or olympique. Et pourtant, le déroulé de la course aura maintenu le suspense jusqu’au bout. Si les Français mènent encore au passage du premier 500, ils perdent leur avantage à mi-parcours où ils ne sont plus que troisièmes… Un scénario qui rappelle celui de la demi-finale, qui s’était bien terminée. Il n’y avait pas de raison qu’il en soit différemment aujourd’hui. Les Français entament alors leur remontée, attaquant leurs adversaires et notamment les Néerlandais avec lesquels la lutte se fera jusque dans les derniers mètres de la course. Au passage de la ligne d’arrivée, si au bord du bassin les choses étaient claires, pour les rameurs elles l’étaient beaucoup moins. “J’avais l’impression de finir un entraînement où je me suis mis une grosse charge sans savoir ce qui se passe, note Hugo Boucheron, et là je vois France 1”. La joie n’éclate pas tout de suite, les rameurs prennent la direction de la zone mixte, et foncent se changer pour enfiler la tenue prévue pour les cérémonies protocolaires. Les noms des rameurs honorés sont énoncés, jusqu’à ceux du duo tricolore. L’émotion les submerge. “J’ai craqué, explique Matthieu Androdias, je repense à toutes les baffles qu’on a prises, ça donne du sens à tout ça, c’était le chemin obligé. On ne serait pas allés aussi loin sans prendre toutes ces claques, il y en a eu de belles, mais ça nous a amenés à un niveau qui n’est plus celui de Rio, dans notre cohésion à deux, à trois”. A trois, car dans le bateau, ils ne sont jamais seuls, Alexis Besançon fait partie de cet équipage : “Il nous a construit une histoire commune, poursuit Matthieu Androdias, il a vu plus loin que l’association que d’autres ont vue avant. On a bâti un trio hyper fort, qui aurait pu éclater à tellement d’occasions, et finalement cela a été l’occasion de nous renforcer”. Hugo Boucheron aura des paroles encore plus émouvantes envers son entraîneur : “Pour moi, c’est l’une des plus belles rencontres que j’aie pu faire. Il m’a aidé à devenir quelqu’un de bien et à exprimer mon talent. Quand j’étais jeune, j’étais très fâché avec les profs, et finalement c’en est un qui m’amène sur le toit du monde, deux fois sur le toit de l’Europe et pour l’instant, une fois champion olympique”. Un pour l’instant qui fait référence, bien entendu, à Paris 2024. Si Hugo Boucheron s’est prononcé immédiatement sur sa volonté de poursuivre l’aventure jusqu’aux Jeux de Paris, Matthieu Androdias a été moins clair, même si son coéquipier semble l’avoir convaincu.

Un résultat que les deux rameurs imputent également à tout ce qu’ils ont mis en place depuis des mois, et dont ils avaient expliqué les contours depuis Varèse. “C’est le résultat du conditionnement qu’on s’est imposé sur l’avant-course : on n’est pas aux Jeux, ce n’est pas une finale, on n’a pas le dossard de favori. Il nous a fallu déconstruire tout ça pour pouvoir se lâcher librement”.

A priori, l’ambiance au Cercle de l’Aviron de Lyon était survoltée. Nous avions demandé à Jérôme Prabonnaud d’anticiper sur la victoire des “bleu bleu tricolores” et désormais Lyonnais champions olympiques : “Je les féliciterais de tous les mots possibles d’émotion, de félicitation, et surtout bravo pour cette persévérance, ces sept années n’ont pas été un long fleuve tranquille, mais vous avez gardé confiance”.

Une adéquation entre les deux athlètes qu’on ne peut que ressentir, et qui laisse augurer un avenir certainement encore doré.