Hugo Boucheron s’est lancé à Belgrade dans la course à la qualification pour le deux de couple sans Matthieu Androdias. Une situation dans laquelle il a pu compter sur Valentin Onfroy, avec qui il rame depuis Lucerne. Un événement de plus dans l’histoire du deux de couple masculin que les deux rameurs du CA Lyon écrivent ensemble depuis 8 ans.

Trois hommes pour le même bateau à Soustons. Oui plutôt quatre, si l’on compte l’entraîneur Alexis Besançon, que les deux titulaires des coulisses ont l’habitude d’inclure entièrement dans la performance. Hugo Boucheron, Valentin Onfroy et Matthieu Androdias avaient pris tous les trois la route du sud-ouest de la France pour le stage terminal devant les conduire aux mondiaux de Belgrade. L’objectif est clair : tout faire pour qualifier la coque dès cette échéance et éviter la terrible « régate de la mort » à Lucerne, moins de 3 mois avant les Jeux olympiques à la maison. Et c’est à Lucerne, mais pour la troisième étape de coupe du monde, qu’Hugo Boucheron a ramé pour la première fois avec Valentin Onfroy. « On devait partir en skiff, explique-t-il, mais 10 jours avant, le DTN et Jürgen (Gröbler) m’ont dit qu’ils en avaient discuté et qu’ils voulaient essayer un double avec Valentin, pour voir si ça matchait assez vite, et assurer le coup pour qualifier la coque si Matthieu ne se remettait pas assez vite ». Si les trois hommes se sont retrouvés en stage, le verdict est assez vite tombé : l’encadrement a préféré ne pas prendre de risque et a validé la présence de Valentin Onfroy dans la coque pour Belgrade. Une décision un peu dure à avaler pour Matthieu Androdias qui perdait sa « carotte » à l’entraînement, mais aussi pour Hugo Boucheron : « Voir mon pote mis sur le côté, ça ne m’a pas fait plaisir bien sûr. La meilleure réponse que j’ai trouvée, ça a été de faire de mon mieux, de progresser, d’élever mon niveau individuel, pour le booster et lui dire « t’inquiète pas je m’en occupe ». Je ne suis pas sur la retenue, je ne fais pas ma diva. C’est frustrant, ça fait 8 ans qu’avec Matt’ on rame ensemble, qu’on est devenus amis, plus que des amis même, comme si on faisait partie de la même famille. On partage beaucoup de choses en termes d’idées, de projets, de conception de la vie, de valeurs, même si on est très différents sur le plan personnel ».
Mais le rameur ne se laisse pas non plus abattre. « Dans notre malheur, on a énormément de chance d’avoir Valentin qui se met à disposition, dans le projet avec nous. Je ne suis pas sûr que beaucoup de gens seraient capables de s’investir autant dans une situation pareille. Avec Val’, ça se passe bien, ça facilite beaucoup de choses. Il a de super qualités, il s’adapte bien, c’est un de ses points forts ». Leur objectif : être dans les 11 bateaux qualifiés. « On sait ce que c’est la qualif’, ça va être un carnage. Depuis Lucerne, on va plus vite. Il faut qu’on passe les premières courses, ça va être hardcore. D’entrée de jeu, il faut taper très fort ».
Un bateau passé par des hauts et des bas
Personne ne dira le contraire : le parcours du deux de couple masculin français est tout sauf un long fleuve tranquille. Matthieu Androdias et Hugo Boucheron sont associés dans l’embarcation depuis 2015, à l’époque où l’encadrement avait demandé à l’aîné de prendre en charge un petit jeune. Il y était allé un peu à reculons et, finalement, la mayonnaise avait rapidement pris. Une première médaille européenne ensemble à Poznan, puis une période de disette avec, tout de même, une qualification olympique pour les Jeux de Rio et une sixième place sur le lagoa Rodrigo de Freitas. Des places d’honneur l’année suivante avant ce jour d’août 2018 où les deux compères goûtent à un titre européen à Glasgow puis, le mois suivant, à l’or mondial à Plovdiv. Des titres qui ont pu se conquérir grâce au travail réalisé par les deux rameurs aussi bien sur l’eau qu’en dehors, s’entourant d’outils et de professionnels pour les soutenir dans leur performance, sous l’œil bienveillant et protecteur de leur entraîneur Alexis Besançon.
2019 ne se passe pas sous les meilleurs auspices, avec des contreperformances en série et, surtout, un passage en finale B aux mondiaux de Linz, qualificatifs pour Tokyo 2020. Malgré une infection dont souffre Hugo Boucheron, les deux rameurs sauvent alors les meubles et décrochent la qualification olympique avec la troisième place de la finale B.
Comme le monde entier, Matthieu Androdias et Hugo Boucheron essuient les vagues du covid et l’année blanche qui en découle, revenant très fort en 2021 : un titre européen et surtout, le graal olympique.
Nouvelle olympiade, nouveau départ
L’année suivante commença plutôt mal. Hugo Boucheron a du mal à se repositionner après, en gros avoir tout eu. Le mot dépression n’est plus tabou, même s’il en a presque honte parce que, quand on a vécu ce qu’il a vécu, on ne peut pas déprimer ! Du skiff pour les deux acolytes, avant un retour réussi en double à Racice. Alors que tout le monde donnait les frères Sinkovic vainqueurs, les Français affichent maîtrise et sérénité, et entrent dans le club fermé de ceux qui restent les maîtres du monde dans leur discipline après un titre olympique. Une nouvelle fois, la malédiction semble derrière eux… jusqu’à ce début de saison compliqué : une suspicion de fracture de fatigue pour Matthieu Androdias, puis une infection dont il ne s’est toujours pas suffisamment remis.
Premier verdict aujourd’hui à 14 h.