Le cœur de l’hiver est là, ce moment sombre où les clubs d’aviron se referment sur eux-mêmes. Depuis les berges, on ne voit plus les fines embarcations filer sur l’eau en rythme. Finis les couchers de soleil chaleureux qui donnent au ciel et à l’eau leurs couleurs orange ou rose. Terminées les fins de soirée à profiter de la glisse du bateau sur un bassin parfait au crépuscule. La nuit noire a remplacé les belles soirées d’été. Dans la pénombre, aux abords des clubs, on aperçoit seulement la lumière du bâtiment, à travers les fenêtres embuées. La chaleur que dégagent les rameurs qui s’entrainent à l’intérieur s’est condensée sur les vitres. Si on rentre dans le bâtiment, il fait souvent chaud, humide, et “ça sent le travail” comme on dit. Ajoutez à ça le bruit des roues d’ergomètres qui tournent et des barres de musculation qui claquent sur les bancs de tirade et vous y voilà !
Vous êtes dans un club d’aviron, un soir de semaine, entre novembre et mars.
C’est pendant cette période que les rameurs redoublent d’efforts pour construire la base de leur performance de l’été : leur condition physique. Ergo, muscu, ergo, muscu… Répéter ce schéma inlassablement pendant des mois en rêvant aux médailles de cet été, en contemplant les posters des glorieuses victoires passées, souvent affichés dans les salles d’entrainement.
Que cherche-t-on à développer pendant cette période ? L’endurance ? Évidemment ! La force ? Très souvent ! L’endurance de force ? Hé oui, notre bon vieux C2 qu’on aime tant, il rythme l’hiver.
Qu’en est-il de la puissance ? De la vitesse ? Est ce qu’on peut travailler ces qualités physiques en salle durant l’hiver ? Est ce qu’elles sont utiles pour notre performance en Aviron ? La réponse à ces deux questions est : oui !
L’objectif de l’entrainement d’un rameur est de développer la plus grande puissance moyenne possible, tout au long de son parcours de course. La puissance est le produit de la force par la vitesse. Il convient donc de développer ces deux aspects conjointement. On connait bien les méthodes de développement de la force, que l’on appelle communément “C1” dans le monde de l’aviron français. Augmenter les niveaux de force est important pour augmenter la puissance maximale, ce travail sert de base au développement de l’endurance de force et de l’endurance de puissance. Malheureusement parfois, on oublie la vitesse et pour certains, c’est vraiment dommageable.
Qui ne connait pas de rameurs très forts en C1, très à l’aise sur des entrainement à basse cadence sur l’ergo mais qui ont du mal à monter la cadence sur des tests spécifiques sur l’ergo et qui ne performent pas comme on l’attend le jour du fameux test ergo ? C’est le schéma classique d’un rameur au profil force et avec un déficit de vitesse.
Afin de remédier à ça, un outil absolument incontournable existe depuis des siècles : il s’agit de l’haltérophilie. L’haltérophilie fait partie des sports de bases qui constituent le monde de la préparation physique moderne. C’est une discipline à part entière certes, mais sa pratique s’avère utile dans presque toutes les activités sportives lorsqu’on cherche à performer à haut niveau. C’est l’outil ultime de développement de la puissance. Puissance maximale, puissance force, puissance vitesse, endurance de puissance, on peut travailler tout ça avec l’haltéro, on peut décliner la puissance sous toutes ses formes en fonction des besoins de l’athlète. C’est un outil merveilleux.
J’ai choisi pour l’introduction un cas pratique qu’on rencontre souvent, mais l’haltérophilie présente plusieurs intérêts pour améliorer la performance en aviron :
Attention toutefois, l’haltérophilie est une discipline compliquée, les techniques haltérophiles ne s’apprennent pas en un jour et il est fortement recommandé de se former avant de l’enseigner ou de la pratiquer. Dans tous les cas, comme toujours, la progressivité doit être une priorité afin de ne pas se faire mal. Si vous souhaitez en apprendre plus sur le sujet, je vous recommande :
Comme disent les Anglo-Saxons : « Happy lifting ! »
Jean Noury
Bibliographie :