La nouvelle avait été annoncée avec un peu trop d’avance, mais elle est désormais officielle : Laurent Cadot reprend les pelles tricolores avec le collectif para-aviron.

Charles Delval nous l’avait confié au mois d’avril, peu avant la régate de para-aviron de Gavirate en Italie : la Fédération française d’aviron présentait Laurent Cadot à la classification en PR3. Rameur multimédaillé, ce dernier a connu un parcours personnel semé d’embûches et de difficultés qui en auraient terrassé plus d’un.
A la fin de l’année 2011, Laurent Cadot est opéré d’une hernie discale. Une opération bien maîtrisée, mais qui expose chacun à d’autres risques. Il est alors victime d’une infection nosocomiale qui atteint les nerfs. « J’ai passé un an à l’hôpital et dans des instituts, se souvient-il, les nerfs ont été touchés et la maladie est dégénérative ». Il aura subi en tout trois opérations pour tenter de restituer ses sensations et sa pleine mobilité, mais les neurochirurgiens ont finalement décidé de ne plus intervenir, au risque de léser sa jambe droite encore valide.
Depuis, Laurent Cadot a tout de même participé à plusieurs échéances internationales, décrochant une médaille en deux barré aux mondiaux de 2013 à Chungju en Corée du Sud, montant dans le huit pour tenter la qualification pour Rio 2016… Mais le mal ne lui laisse aucun répit et, hormis la participation avec son club de Boulogne 92 aux rendez-vous nationaux, il fut contraint de mettre un terme à sa carrière internationale.

Un retour en para-aviron
Mais c’était sans compter sur Charles Delval et sa volonté de développer son collectif en vue des Jeux paralympiques de Paris 2024. « Il m’a convaincu de faire les tests, explique Laurent Cadot, au début ce n’était pas facile de l’assumer ». Il n’est en effet pas évident de passer à la catégorie para dans un sport où l’on a connu les podiums et le haut niveau international en étant valide. Une situation qu’a su dépasser l’athlète, qui a finalement accepté de passer la classification juste avant la régate de Gavirate. Une classification en PR3 qui lui permet de ramer aussi bien en couple qu’en pointe. Et les résultats engrangés par la suite lors de la régate l’ont conforté dans un choix qui était encore en suspens, même s’il s’est laissé le temps de la réflexion. « Je dois aussi voir avec mon employeur (la MAIF, NDLR) ce qu’il est possible de faire. Car il y aura les compétitions, les stages… J’ai aussi ma famille. Je ne bénéficie pour l’instant d’aucun aménagement. Cela impliquerait de prendre sur mes congés ».
Laurent Cadot n’entendait pas s’impliquer non plus pleinement sur la saison en cours, préférant attendre 2023. Mais Charles Delval l’a sollicité pour les prochaines échéances internationales : la coupe du monde de Poznan ainsi que les mondiaux de Racice. « Je dois voir tout cela avec mon employeur, mais je m’engagerai pleinement, c’est sûr, dès l’année prochaine en vue des Jeux de Paris.
Laurent Cadot a dépassé ses craintes quant au regard des autres sur cette transition vers le para-aviron, mais aussi sur son propre ressenti, le regard qu’il peut porter sur lui-même. « Quelque part, je connaissais la dégradation de ma situation. Ce nouveau projet, ce nouvel objectif, ce sera un peu un facilitateur de prise de conscience de tout ça ». Chapeau bas, monsieur Cadot !