Une expérience qui pourrait en appeler d’autres. Huit rameuses touchées par le cancer ont embarqué pour la Head of the Charles Regatta en octobre. Un bel exemple de dépassement de soi qui permet de laisser la maladie derrière soi en montant dans le bateau, mis en valeur dans le numéro 56 de Mag Aviron.

Qui dit que la maladie peut empêcher de relever des défis ? Des rameuses de la section aviron santé du Cercle de l’aviron de Lyon ont récemment prouvé le contraire. Et pourtant, le défi était de taille. Il ne s’agissait pas de s’aligner au départ d’un 1000 mètres, comme certaines d’entre elles ont pu le faire lors des mondiaux masters l’an dernier à Libourne. Il fallait dans un premier temps traverser l’Atlantique jusqu’à Boston, siège de nombreuses et prestigieuses institutions comme l’université d’Harvard, le Massachussetts Institute of Technology… Mais c’est surtout prendre part à une des courses les plus mythiques, qui représente également un défi physique. Un défi technique aussi, certaines des participantes n’ayant qu’une année de pratique. « Certaines ont participé aux mondiaux masters de Libourne, notait Pauline Kozak, responsable de la section aviron santé du CA Lyon, à la Vogalonga, aux championnats d’Europe et du monde d’aviron indoor à Paris, d’autres ont découvert l’aviron l’an passé. Certaines sont en rémission, mais d’autres sortent d’opération ou terminent juste leur chimiothérapie ».
Le premier défi fut néanmoins la possibilité de s’inscrire. Après des semaines de discussions avec les organisateurs de la Head of the Charles et d’US Rowing (la fédération américaine d’aviron), l’équipage lyonnais fut invité. « Dans l’idée, nous y allions aussi pour lancer un message à fort à propos des bienfaits du sport santé, ajoutait Pauline Kozak, particulièrement l’aviron santé, un message fort autour du cancer féminin ». Le CA Lyon a ensuite lancé une campagne de financement participatif afin de réduire le coût de l’opération, mais a aussi pu compter sur l’engagement de ses partenaires tels que la Ville de Lyon, la CNR, Serfim, Courir pour elles et la Ligue contre le cancer. Le témoignage d’une des rameuses, partagé à l’époque, avait également apporté tout son sens au projet. « En juin 2019 une petite mésaventure allait changer quelque peu ma vie. On m’annonce un cancer du sein qui va commencer par une ablation totale, on me retire la chaîne ganglionnaire du bras puis 4 mois de chimio et 30 séances de radiothérapie. Et 2 ans pour la reconstruction. En septembre 2019, je découvre la section Aviron santé au Cercle de l’aviron de Lyon. Cette section propose d’accueillir les personnes touchées par des maladies longue durée et propose une pratique douce, progressive et adaptée à chacun en vue d’une réathlétisation. Il se trouve que cette section accueille majoritairement des femmes touchées par le cancer du sein. Le premier essai a bouleversé ma vie. Quand je rame j’oublie tout, la maladie, les soins, la souffrance… enfin je lâche prise. En 4 ans, nous avons créé des liens, formé des équipages, participé à des défis sportifs dont je ne me savais pas capable mais qui n’ont fait que m’aider à reprendre confiance en moi et surtout en mon corps.
Le bateau a alors pris part à la compétition et a terminé à la quatorzième place de sa catégorie, masters femmes de plus de 40 ans. Une belle aventure humaine que Pauline Kozak aimerait réitérer avec d’autres sections aviron santé et monter un véritable événement lors de la Head of the Charles.