Licences en berne, rentrée en demi-teinte dans les clubs

» Licences en berne, rentrée en demi-teinte dans les clubs

Confiner, déconfiner, reconfiner… l’équation ne fait pas bon ménage dans les finances des clubs. De la région parisienne, à Lyon en passant par Limoges, l’aviron souffre de la crise sanitaire. Le nombre de cotisations est globalement en baisse partout.

Crédits, TP

Reprendre les rames, le rêve de bon nombre d’adhérents déjà reconfinés. Alors que la rentrée se déroulait plutôt bien dans les clubs, les craintes du couvre-feu puis d’un nouveau confinement sont venus donner un coup d’arrêt aux phases d’inscription. Rien qu’au niveau fédéral, la FFA comptabilise une diminution de 6,9% sur le nombre de licences au 31 Octobre par rapport à l’année dernière. Cela représente 1 887 adhérents, toutes licences confondues selon Sylvain Bosquet. Une tendance générale, qui se confirme localement.

Direction le plus grand club de France, où les écarts entre la saison Covid et l’année passée sont déjà conséquents. Au Boulogne 92, 804 licences A en 2019-2020 pour seulement 600 environ à l’heure actuelle. Pedro Ferreira, le président du club, estime le nombre de licenciés finaux à 650 cette saison. Un manque de 150 licences alors que la structure compte sept salariés. Tout à été fait pour que les rameurs se réinscrivent. « On a anticipé les adhésions, explique Pedro Ferreira, on a commencé au 15 juillet en faisant un effort financier. » Une réduction de 10% a été proposée sur la cotisation. Et ce n’est pas tout ! Les rameurs Franciliens peuvent également bénéficier d’avoirs de 20 ou 30€ à valoir sur de futurs déplacements, des vêtements etc. Ce coup de pouce vient du département des Hauts de Seine et ça marche ! « On a du faire beaucoup de com’, du coup on a pas mal de réinscriptions mais une grande baisse du coté des débutants. »

Même constat du coté de Lyon. L’AUNL peine à attirer de nouveaux rameurs en ces temps de Covid. En revanche, le bilan est moins négatif. Alors que le club perdait régulièrement des licenciés depuis 5 ans, pour cette saison les rouges et blancs conserveront le même nombre d’adhérents. 220 licences pour 210 l’an dernier explique Franck Solforosi. On est loin des 400 rameurs et rameuses de Caluire ou du Cercle, mais l’AUNL remonte la pente petit à petit. « On est plutôt content car on a fait une belle rentrée » mentionne le médaillé olympique. D’autant que le club a besoin de ses licenciés, il comporte plusieurs salariés dont un nouveau coach, Stéphane Durand, recruté cet été.

« Le confinement actuel ne va pas arranger les choses »

Le contexte sanitaire et la peur du confinement jouent un grand rôle sur le nombre d’adhésions dans les clubs. A Lyon, Franck Solforosi explique avoir 30% de réinscriptions en moins, « les gens attendent de voir comment se déroule le confinement ». Même son de cloche au Boulogne 92. « J’attribue ça à l’incertitude, se confie Pedro Ferreira, c’est compliqué lorsque les personnes ne savent pas si elles vont pratiquer ou pas. » Des frais importants pour l’aviron, surtout lorsqu’on est débutant.

Au Cercle nautique de Limoges (CNL) un bilan également en demi-teinte. Le club qui peine à recruter un salarié comporte normalement une centaine d’adhérents. « On a environ 70 licenciés cette saison, il nous manque un peu près 40 bonnes licences » révèle Denis Mallevaes, entraineur au club. De nombreux retards dans le paiement des cotisations ont été signalés. Pourtant dans cette petite structure les finances restent au beau fixe. « On a fini la saison passée avec un peu de trésorerie, ce qui nous a permis d’acheter un bateau. On risque de refaire un investissement. Tout dépendra du type de contrat pour le salarié que l’on recherche. »

Une situation enviable, dont ne bénéficient pas certains clubs parisiens. Au B92, vu la taille de la structure, l’équilibre financier n’est garanti qu’avec un nombre important de licenciés. Un juste milieu essentiel pour payer les entraineurs, les déplacements, les charges etc. 65% des recettes viennent des licences selon Pedro Ferreira. « Pour cette année on va probablement s’en sortir parce qu’il y a quelques aides de l’Etat et on va regarder à la dépense. Par contre pour les années à venir, il ne faut vraiment pas que la crise sanitaire dure trop longtemps. »

L’aviron indoor n’est pas épargnée non plus. Alors que le nombre d’inscription des « non-nautiques » tendaient à croitre d’année en année, avec à son paroxysme les Championnats du monde indoor à Coubertin en Février dernier, le coup d’arrêt semble sévère. La FFA répertorie 250 licences en moins, ce qui représente une chute de 19% par rapport à l’année passée.

Pour le moment, encore peu de visibilité sur l’eau également. Impossible de dire à l’heure actuelle si les championnats, les compétitions et autres randos seront maintenus. Dans tous les clubs, on cherche à faire des concessions. Il n’est pas possible toutefois de jouer avec le budget en passant des investissements au fonctionnement. A Boulogne, on risque de moins acheter de petits matériels. Des économies pourraient être faites sur l’essence par exemple. Le haut niveau risque lui de coûter plus cher. Plus de déplacements sur Mantes, en plus petit nombre, ça fait plus de voyages etc.

Dans tous les cas, Pedro Ferreira conclut : « Il ne faut pas que ça dure trop longtemps pour qu’on garde nos emplois ». La plus grosse dépense du club reste les salaires. Les coachs ont été fortement mobilisés lors du premier confinement, ils le sont de nouveau. « On veut, on doit, les garder et c’est là qu’on va concentrer tous nos efforts. » martèle le Président. Une situation similaire dans de nombreuses structures sportives en France, aviron ou non.

Thomas Prongué

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