Les frère et sœur, anciens poids légers, ont raccroché les rames mais n’ont pas abandonné le sport : Marion continue une carrière de cycliste, Thibault embrasse de nouvelles ambitions en triathlon.
Lorsque l’on raccroche les pelles tricolores, c’est généralement pour une bonne raison. Pour Marion et Thibault Colard, la première était le nombre de places plus que restreint pour monter dans un bateau olympique de leur catégorie de poids : le deux de couple poids léger. Si Thibault a connu le podium olympique en 2016 à Rio en quatre sans barreur, la reconversion à la couple était indispensable, après la suppression de l’embarcation du programme olympique.
Sa sœur Marion devait quant à elle faire face à une concurrence encore plus restreinte : et l’installation au long terme du duo Tarantola / Bové dans la seule coque olympique remettait en question son avenir. Et c’est au cyclisme qu’elle allait trouver une nouvelle voie et remporter de nouveau succès. Le vélo, elle connaît bien : « nous faisions régulièrement des sorties pendant les stages », nous expliquait-elle. Et c’est la cheffe du secteur féminin de l’époque, Christine Gossé, qui l’avait mise en relation avec un entraîneur de cyclisme de l’Insep. Elle avait alors pris part à un essai sur le vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines, puis à des tests physiques et des tests techniques.
Après différents stages, elle pensait s’orienter vers une équipe DN1 ou DN2, et c’est finalement chez les professionnels du Stade rochelais qu’elle a signé un contrat. Les choses étaient alors bien parties, avec des courses à étapes… et la première édition féminine du Paris-Roubaix, mais ce n’est pas dans une grande forme qu’elle l’abordait.
La saison 2022 allait elle aussi s’annoncer chargée : une grosse saison s’annonçait sur deux roues, mais pas seulement : « Je devais aussi mener la fin de mes études à l’INSA, explique Marion, c’était compliqué de tout lier ». Un diplôme d’ingénieur en biosciences et biotechnologies est à la clé. « J’étais aussi en surentraînement, poursuit-elle, je n’arrivais pas à trouver mon pic de forme, à être bien ».
Son contrat avec le Stade rochelais s’achevait fin décembre 2022, et elle attendait de voir s’il lui serait possible de le renouveler, ou d’en décrocher un dans une autre équipe professionnelle. « Il y a pas mal de petites équipes qui se montent, mais je ne sais pas encore quoi faire ». Une première réponse est venue de son employeur cycliste, qui a décidé de ne pas la conserver. Et l’athlète a décidé de rebondir en privilégiant alors le travail, se lançant dans la recherche d’un emploi et a décidé de signer en DN au Vélo Club Morteau-Montbenoit. Un engagement qui va lui permettre de limiter ses obligations à l’égard du sport, dans lequel elle espère retrouver du plaisir après une saison compliquée.
Toujours de l’eau pour Thibault Colard
Pour son frère Thibault, une année de coupure allait être la bienvenue. « Je voulais tenter le triathlon, explique-t-il, et Bastien Tabourier m’a convaincu de faire les piges en bateau court à Libourne en 2021. Je voulais garder le physique, et rattaquer en pôle en septembre ». Le vélo est un sport familial chez les Colard, et il estimait n’avoir pas assez bien repris en aviron. L’aviron toujours, avec son emploi qui commençait à la Fédération en tant que data scientist. Après une année passée chez Nolio, le nouveau partenaire de la FFA, Thibault Colard prenait en effet un poste à la Fédération sur la gestion de projets, et la remontée des données d’entraînement et de compétition. « Cela faisait beaucoup de changements pour moi, il fallait que je trouve mon équilibre ».
En 2021, il prenait part à un half ironman à Tallin, en Estonie, et décrochait un classement qui lui ouvrait les portes des championnats du monde dans l’Utah, aux Etats-Unis. « Ma priorité reste mon travail, mais j’ai pu me dégager du temps pour le triathlon. Le sport passe maintenant au second plan ». Il découvre aussi une nouvelle façon de s’organiser. « Quand on fait de l’aviron à haut niveau, il y a un entraîneur, un préparateur physique… tout est organisé pour nous, on n’a quasiment rien à faire. Là il a fallu que je me débrouille tout seul, mais cela a été très enrichissant. J’ai eu un vrai coup de foudre, c’est très chronophage comme sport, mais je retrouve des sensations ». Un sport moins contraignant que l’aviron : « il faut aller au club, sortir son bateau, faire sa sortie. Pour s’entraîner en triathlon, on peut chausser des baskets et courir, prendre son vélo et directement faire une sortie de plusieurs heures. Il n’y a que pour la natation où c’est plus compliqué ».
Pour ses premiers mondiaux, il ne s’était pas vraiment fixé d’objectif, sauf celui de tomber en-dessous des 4 heures. Il a finalement terminé en 4h09, ce qui lui a donné la sixième place dans sa catégorie d’âge. « Le cadre était magnifique, mais les derniers kilomètres étaient compliqués. J’ai été porté par deux bénévoles sur la ligne d’arrivée ».
Plaisir, expérience… Des mots qui reviennent souvent dans la bouche de Thibault Colard pour exprimer son ressenti sur son nouveau sport, avec comme objectif de décrocher une bonne place en juillet prochain à l’ironman des Sables-d’Olonne pour bénéficier d’une licence élite. « La dynamique y est différente, cela m’intéresse et je pense prendre encore plus de plaisir dans des courses comme cela ».