Les champions olympiques de Tokyo viennent de débuter un stage d’une dizaine de jours à Font-Romeu, dans les Pyrénées. De quoi préparer les derniers rendez-vous individuels avant de renouer avec le deux de couple.

Ensemble en stage terminal dans le sud-ouest cet été, Matthieu Androdias et Hugo Boucheron n’avaient pas vécu la qualification de leur coque de la même façon. Quand le premier l’a suivie à distance, le second y a pris part avec Valentin Onfroy. Depuis, les choses sont rentrées dans l’ordre pour le duo français. « Je suis complètement rétabli, annonce Matthieu Androdias, j’ai repris 15 jours avant le groupe, sans aménagement jusqu’à maintenant, après avoir effectué tout le parcours médical pour avoir tous les feux verts, tout est bon. Je l’avais senti avant, c’est un soulagement de pouvoir fermer ce chapitre et reprendre dans la bonne dynamique avec tout le monde ».
Après plusieurs semaines d’entraînement au pôle de Lyon, ils ont pris part à la tête de rivière de Mulhouse. Alors que Matthieu bouclait les 6 kilomètres à la troisième place, Hugo termine à la dixième place. « Ce n’est ni décevant ni incroyable, commente Matthieu Androdias, on est des compétiteurs, quand on sort pour une course, on a envie de marquer le coup, de bien figurer. On l’a préparée, mais ce n’était pas la stratégie. On n’était pas tous forcément en jambes, ni le mental, pour refaire un 6000 de très haut niveau. Dans l’ensemble, c’est correct mais sans plus, on a fait avec les moyens du jour ».
Même constat du côté d’Hugo Boucheron. « Ce n’était pas évident, déjà on n’avait pas beaucoup de kilomètres en bateau. Techniquement à l’entraînement on n’est pas mal, mais pas assez ancrés pour tenir 6 kilomètres. Et je ne pensais pas que j’étais autant fatigué, j’étais transparent tout le long. Quand tu finis comme ça, ce n’est pas évident à gérer. C’est un effort particulier, et quand t’es crevé, tu subis. On en a fait beaucoup, on avait beaucoup à régler avec Matthieu en début de saison, on a voulu faire tout le programme aussi ». Il ne cache pas son plaisir d’avoir enfin retrouvé son coéquipier à haut niveau. « C’est bénéfique de l’avoir à plein temps, ça a apporté une émulation saine, on essaie de se tirer vers le haut ».
Quand au retour au double, il faudra attendre les piges de Vaires-sur-Marne. « J’imagine qu’avant on fera quelques sorties, en rentrant de Font-Romeu, après le test ergo. On est bien en double quand on est bien dans nos skiffs, c’est comme ça qu’on perd le moins de temps. Le skiff, c’est l’élément clé de notre préparation en deux de couple, on refait ça cette saison. Mais on ne nous verra pas en coupe du monde en skiff, là ce sera une ligne droite pour le double ».
« Le double croate ? Pas le plus menaçant du tout »
Une question vient forcément quand on évoque cette dernière ligne droite vers Paris 2024. Que pense le duo français du retour en deux sans barreur de Valent et Martin Sinkovic. « J’ai l’impression que ça a soulevé plus d’émoi chez les journalistes que chez nous, commente Matthieu Androdias. Au début de l’année 2022, on a pu voir s’ouvrir un feuilleton Croatie vs France, assez représentatif du double à ce moment-là. Une fois cette saison 2022 un peu particulière passée, on a vite vu que ce n’était pas le seul bateau menaçant, pas le plus menaçant tout court. Je n’enlève rien à ce qu’ils ont fait, à leur niveau, mais s’il n’y avait qu’eux, ce serait simple. Il y aura un sacré niveau du double, on enlève un bateau qui jouait dans ce niveau-là. S’ils vont en deux sans barreur, il y a peut-être une raison. Ils cherchent un troisième titre olympique, ils y vont indépendamment du plaisir en bateau, pour marquer l’histoire. Je n’ai pas eu de sensation de soulagement, le niveau restera le même et la densité identique. Ce n’est pas une fleur qu’ils nous offre, ni une autoroute vers le podium et le titre. Ca risque peut-être même d’avoir un effet positif sur les adversaires, de les faire gagner en férocité ». Hugo Boucheron n’y croyait même pas. « Je ne pensais même pas que c’était officiel, je trouve ça dommage, sur le papier avec eux, les JO ça avaient plus de gueule avec les autres gros bateaux, mais après je ne connais pas leur motivation de faire ça ».