Absent de la compétition depuis plusieurs semaines, Matthieu Androdias entamait sa réathlétisation à Soustons, dans le même temps que le stage terminal de l’équipe de France olympique. Il a appris mardi qu’il ne prendrait pas part aux mondiaux de Belgrade, qualificatifs pour les Jeux de Paris 2024.

Fin mai à Bled, le deux de couple masculin français, champion olympique et champion du monde en titre, faisait sa rentrée sur la scène internationale. La contreperformance enregistrée en Slovénie avait alors permis de tirer la sonnette d’alarme sur la situation médicale de Matthieu Androdias. Le rameur tricolore souffrait depuis un certain temps d’une infection dont l’origine reste à ce jour indéterminée.
Après plusieurs semaines avec une activité sportive restreinte, Matthieu Androdias avait rejoint le collectif France en stage terminal à Soustons. L’objectif : entamer une réathlétisation qui devait, au mieux, l’emmener jusqu’aux championnats du monde de Belgrade début septembre. Un début de stage qui s’était plutôt bien passé. » J’ai trouvé ça plutôt bien, note Matthieu Androdias, j’ai pu constater que le corps a une sacrée mémoire, avec toute l’expérience que j’ai, j’ai pu retrouver tout un tas de choses. Maintenant, c’était les capacités d’endurance qui revenaient, moins vite que ce que j’avais espéré quand même. Le reste était encourageant. Je commençais à penser au coup que j’allais faire en revenant aussi vite. Le physique n’était pas limité, il y avait juste le poids des semaines d’arrêt, il fallait remettre la machine en route, avec un travail d’aérobie, mais pas de haute intensité, on a respecté les étapes les unes après les autres. J’avais les mêmes sensations qu’une rentrée post mondiaux ».
Hélas, on n’est pas dans une rentrée post mondiaux, mais plutôt dans le mois qui précède les mondiaux qualificatifs pour les prochains Jeux olympiques. Et le consultant à la haute performance, Jürgen Gröbler, suit de très près les athlètes. « La discussion a été entamée il y a une semaine, poursuit Matthieu Androdias, Alexis Besançon m’a dit qu’on ferait un point après la séance. J’espérais que ce n’était pas ça qui allait tomber, car je n’avais pas encore d’arguments à donner aussi tôt après la reprise. Je n’avais pas envie d’avoir une telle discussion, mais c’était bien ça ». Jürgen Gröbler a alors exposé son avis, son ressenti, en relation avec sa longue expérience. « C’est dans mon intérêt qu’il a pris cette décision, note le rameur, le dialogue était possible mais on sentait que la décision était définitive, pour protéger la saison prochaine. Il comprenait ma déception, mais il était sûr de faire le choix de la raison et de la performance pour l’an prochain ».
Matthieu Androdias a pris une claque en entendant le verdict qui mettait fin à sa saison. « Ce fut difficile à entendre, mais ce n’était que du bon sens. C’était impossible de balayer tous ses arguments d’un revers de la main ». Sous le coup de l’émotion, la déception fut grande. « En arrivant à Soustons, ma carotte c’était la possibilité de revenir à mon plus haut niveau en peu de temps. L’officialisation de la décision s’est faite mercredi soir, mais depuis la réunion il y a une semaine, j’ai eu un moment de flottement. Quand on t’enlève ton carburant, c’est difficile. Aujourd’hui, je fonctionne à court terme. Je ne peux pas me dire que je ne pense qu’à Paris, déjà que les mondiaux ça fait loin, mais j’avais besoin d’une motivation à court terme pour m’engager à fond ». L’athlète a dû faire tout un travail d’acceptation pour ne pas décrocher. « J’échange toujours avec Alexis, mais j’ai fait ce chemin tout seul. Une partie de moi sait que c’est le bon choix. Il me reste une dynamique à chercher sur ce stage, et à poursuivre ma réathlétisation pour démarrer la saison prochaine dans de bonnes conditions ».
Matthieu Androdias va en effet poursuivre le stage dans le sud-ouest avec le reste de l’équipe de France olympique. Une situation qui n’est toutefois pas simple à vivre. « Ce n’est pas évident, je reste au quotidien avec des rameuses et des rameurs qui préparent une qualification olympique, tout le monde est ultra impliqué. Fonctionner dans ce groupe ne fait qu’accentuer la différence que je ressens entre eux et moi. Moi j’ai un train qui décélère, je reste à quai et tout le monde part. Est-ce toujours ma place en stage ? Il fallait faire ce travail d’acceptation. Il y a aussi la symbolique du double. Je dois laisser parti le bateau sans moi, depuis des années il n’y a jamais eu de changement, très attaché à ce projet qu’on a construit avec Hugo. J’ai pas mal de travail personnel pour trouver ma place dans le groupe, progresser, avancer, profiter du stage pour revenir à mon niveau ».