Mondiaux de mer : Jessica Berra et Gravelines font briller les Français

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La Basque est montée sur la première marche du podium du solo féminin après une finale des Championnats du monde d’aviron côtier parfaitement maîtrisée, dimanche. Elle a ouvert la voie au quatre de couple gravelinois, bronzé en fin de journée.

 

Les clubs français rentrent des Championnats du monde d’aviron de mer de Saundersfoot avec un maigre butin, mais Jessica Berra (Endaika Arraun Elkartea) et le quatre de couple masculin de Gravelines ont sauvé la situation en ramenant deux médailles du Pays de Galles, dimanche. Pour la première, ce fut l’or. Un métal qui échappait aux bateaux tricolores depuis 2016 et la première place du quatre de couple du Club Nautique de Nice dans la baie de Monaco. Rien que ça.

Pour ce faire, Jessica Berra a réalisé l’impossible, que seule Stefania Gobbi était parvenue à faire l’an dernier : stopper l’hégémonie de Diana Dymchenko. De 2017 à 2019, la rameuse ukrainienne du RC Baku (Azerbaïdjan) a cumulé trois titres de rang en solo féminin. Au Pays de Galles, en l’absence de son bourreau italien, elle avait survolé les séries, s’imposant avec 35 secondes d’avance sur Jessica Berra. Tapie dans l’ombre de sa concurrente, la Basque était sûre de son (mé)fait. Les données météorologiques prévoyaient des rafales de 25 kms/h et des creux de deux mètres. Le vent et les vagues siéent à son style et ses compétences, elle, l’enfant de l’océan.

La rampe de lancement basque

Tout le contraire de Diana Dymchenko, championne de rivière d’abord, sirène des mers ensuite. L’Ukrainienne a été surprise par une vague et s’est déportée de la trajectoire. Jessica Berra n’en demandait pas tant : “J’adore ces conditions qui rendent la course très technique. Dymchenko un peu moins. Ne pas chavirer était déjà une réussite. La clé de la victoire, c’était de faire attention à la direction et de bien négocier les bouées. J’ai profité de chaque petite erreur de l’Ukrainienne dans les virements pour m’immiscer et lui mettre la pression.” En confiance au passage de la dernière bouée, la rameuse d’Endaika Arraun Elkartea a poussé son effort jusqu’à la ligne d’arrivée. Elle est ainsi devenue la première championne du monde de l’édition 2022.

Il fallut attendre quatre heures pour voir le drapeau tricolore hissé au-dessus du podium. Gravelines a placé Frédéric Loorius, Julien Barbeau, Xavier Morelle, Adrien Decriem et Julie Silly sur la troisième marche après une sublime remontée : “Deux d’entre nous ont perdu la coulisse au départ. On était bons derniers, mais on s’est montrés très forts dans le premier bord. On savait qu’il y avait un petit espoir en cas de mer agitée, mais dans ces conditions, on n’aurait pas misé sur nous pour une médaille.” Le scénario de course leur a été favorable par la suite : propres dans la gestuelle et la stratégie, les Nordistes ont profité des tourments des Egyptiens et des Portugais pour grimper au classement et, enfin, goûter à ce podium international après plusieurs tentatives.

Quelques déceptions…

La Marseillaise de Jessica Berra et la joie des Gravelinois ont compensé les déceptions de la journée. Aymeric et Alexis Fortier, bien en place lors des séries du double masculin, paraissaient à même de titiller les favoris. Les jumeaux de Corbeil-Essonnes ont malencontreusement percuté les Monégasques Quentin Antognelli et Paul Mosser (7es) au début du parcours et ont vu leur rêve de revanche (5es au Portugal en 2021) s’envoler. Ils ont terminé 12es derrière Benoît Ordoqui et Lionel Picard (Ur Yoko, 10es) et Pierrick Ledard et Arthur Sanson (Barneville-Carteret, 11es).

On espérait voir triompher l’un des quatre navires français du double mixte. On a vite été refroidis : pas par le vent (12°C), plutôt par l’abandon précoce de Chloé Briard et Clément Thomas (Saint-Malo). Les autres ont stagné en milieu de tableau : Marine Delanoë et Pierrick Ledard (Barneville-Carteret) ont pris la 8e place, Chloé Lemoigne et Arthur Sanson (Cherbourg/Barneville-Carteret) la 9e et Charline Lebreton et Kerrian Boulay (Saint-Malo) ont fermé la marche avec la 10e. Même le brillant duo de la Société nautique de Monaco Edwige Alfred et Ludovic Dubuis, 5e, est resté sans voix devant la domination espagnole.

… mais des Français concentrés et très motivés

Au Pays de Galles, en plus des 15 bateaux tricolores en Finale A, il fallait se satisfaire des accessits. Apprécier la 6e place du quatre de couple Chloé Briard, Julie Corler, Charline Lebreton, Emmanuelle Briard et leur barreur Romain Maudet (16e position pour Muriel Bertain, Fabienne Courtois, Patricia Goupil, Gaëlle Iragne et Suliac Rozanier), et du double Fanny Mossière et Marie Guingouain (17e du solo un peu avant). Deux bateaux de Saint-Malo, principal pourvoyeur de rameurs à Saundersfoot. « Ce n’était pas joué, on a tapé le bateau des Anglaises au départ à cause d’une vague qui les a rabattues sur nous, on s’est arrêtées, on s’est dégagées, on a repris un autre bateau… » soufflent les deux copines du double, avant de savourer leur prouesse. Leurs concurrentes Magali Hamon et Chloé Lemoigne (Cherbourg) ont terminé 12es.

Impliqués dans la même course que le quatre de Gravelines, Yannick Beaudelot, Kerrian Boulay, Alexis Lollivier, Clément Thomas et Romain Maudet (Saint-Malo) se sont invités dans le Top 10. Il conviendrait, aussi, de saluer les performances des finalistes B, et notamment de Christophe Charlemagne (Gravelines, solo), Juliette Duteil et Bénédicte Simon (Saint-Malo, double féminin) et Yannick Beaudelot et Gaëlle Iragne (Saint-Malo, double mixte), deuxièmes de leur course. Hormis l’abandon du double mixte Julie Corler et Alexis Lollivier (Saint-Malo), l’ensemble des qualifiés ont terminé dans le Top 5 : Michael Hitier (Bordeaux, 5e) ; Xavier Chapeau, Patrick Lena, Xavier Sourdin, Franck Renaud et Suliac Rozanier (Saint-Malo, 4e), Hubert et Emmanuelle Briard (Saint-Malo, 3e) et Julien Georgin et Fabien Chiodi (Menton, 4e). La concentration était maximale chez les clubs français, qui ont également su profiter de l’air gallois. C’est l’image qu’on retiendra de ces Championnats du monde d’aviron de mer.

JB

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