Cinq journées de compétition rassemblées sur trois jours ! C’est possible, cela s’est passé à Vaires-sur-Marne la semaine dernière pour les mondiaux U19. La France a décroché une médaille dans la compétition. Un bilan dont on ne peut se satisfaire, mais derrière lequel on peut néanmoins noter quelques points positifs.

Une chose est sûre : personne n’oubliera ces championnats du monde U19, sur le bassin qui accueillera les Jeux olympiques et paralympiques de Paris l’an prochain ! En premier lieu car ils ont offert la chance aux rameuses et rameurs de demain la possibilité de tester les eaux du stade nautique olympique de Vaires-sur-Marne.
En second lieu car le programme n’a pas cessé de changer d’un jour à l’autre. La veille du début de la compétition, on apprenait que la première journée de courses ne pourrait pas se tenir en raison de la météo, de forts vents balayant l’Ile-de-France. Au soir des séries, une nouvelle plus impactante tombait : le scénario météorologique du dimanche empêchait une la tenue des courses, et le comité exécutif décidait la mise en œuvre de certains règlements permettent de modifier en profondeur le programme, rassemblant demi-finales et finales sur la seule journée du samedi. « On n’a pas la main sur les conditions, commentait le responsable du projet Génération 2024-2028, on ne se pose donc pas la question. Deux courses en deux heures, ils l’ont déjà fait. Tout le monde est touché. On fait abstraction, et tout pour que les athlètes ne se posent pas de question ».
L’aviron est un sport d’extérieur, il faut faire avec les conditions climatiques. Les U23 ont connu la canicule étouffante de Plovdiv et ont composé avec, les U19 connaissaient quant à eux les frimas et le vent de Vaires-sur-Marne, et ils ont composé avec !
Le bronze en quatre sans barreur

Avec cinq bateaux français en finales A sur sept engagés, on peut dire qu’ils ont plutôt bien géré la situation. Même si, au final, un seul est monté sur le podium. Comme à Plovdiv, Un quatre sans barreur masculin français a été médaillé ! Et celle-ci, il ne fallait pas la louper, c’était la dernière finale à laquelle participaient les tricolores. Le bateau roumain, qui comptait dans ses membres deux rameurs médaillés européens à Brive-la-Gaillarde, a rapidement pris son envol et creusé l’écart, Alexandre Jolard, Maxime Eymard, Alan Mitchell et Hector Guimet pointant à la troisième position. Ils ont réussi à conserver cette position, mais ont vu les Allemands passer devant eux et ravir la deuxième place aux Britanniques, qui ont reculé derrière les tricolores… Ces derniers ont donc conservé le bronze sur la ligne d’arrivée. « On avait le huitième temps au général, note Alan Mitchell, donc on ne savait pas vraiment à quoi s’attendre. Après les demies, c’était de l’énergie pure, on savait ce qu’on pouvait faire en finale ». Le vent ne les a pas dérangés outre mesure. « Il y avait du vent dans les 800 derniers mètres, ajoute Alexandre Jolard, mais en finale on s’en fiche des conditions, on cherche la place, il y a du vent de travers, mais ça n’empêche pas de pousser ». Maxime Eymard a confirmé : « on s’est dit, quitte à tout donner, autant aller jusqu’au bout, l’effort a payé ». Une médaille à la maison que les rameurs ne sont pas près d’oublier : « c’est incroyable, devant les amis, la famille, des personnes ont couru pendant 1000 mètres pour crier allez la France ».

Le dimanche avait commencé pour les Français par la finale A du quatre barré masculin. La course a été dominée largement par le bateau italien qui s’est emparé de l’or. L’Allemagne avait elle aussi affiché ses ambitions et décroche l’argent. Le bronze est finalement revenu à la Turquie, à la lutte avec l’Australie. Pierre Grais, Bartoloméo Vosgien, Thomas Ducept, Giulio Martins-Campina (barreur : Théo Ruggeri) n’avaient pas pris le wagon de tête au début de course, et terminent à la sixième position.

Léa Herscovivi et Léontine Fouquet avaient commencé leur matinée par leur demi-finale du deux sans barreur féminin, terminant la course à la deuxième place derrière les Roumaines. Un enchaînement qu’il a fallu gérer, avec une finale qui se courait deux heures plus tard. Les Roumaines se sont également imposées en finale, avec une confortable avance sur les Grecques. Les Françaises, cinquièmes tout au long de la course, n’ont rien pu faire face à leurs concurrentes, ne parvenant pas à réduire l’écart avec les bateaux de tête, elles ont conservé cette position également sur la ligne d’arrivée.

Course suivante, la finale A du deux sans barreur masculin. Les Turcs, finalistes l’an passé à Varèse et champions d’Europe, ont survolé la course, suivis des Allemands et des Sud-Africains. Louis Descot-Vigouroux et Victor Martin ont réduit l’écart sur le deuxième 1000, mais pas suffisamment pour revenir dans le trio de tête. Ils ont terminé à la quatrième place de ces championnats du monde.
La finale A du quatre sans barreur féminin fut relevée. Sarah Brunel, Victoire Quettier Mounien, Mary Stéphan et Capucine Roussel sont parties dans le wagon de tête, pointant à la troisième place au passage des premiers 500 mètres. Mais l’affrontement entre la Roumanie, la Grande-Bretagne et l’Italie a rebattu les cartes dans la deuxième partie du parcours, et les Françaises ont cédé peu à peu l’avance dont elles disposaient pout terminer à la sixième place mondiale.
Les bateaux en finales B
Les Belges ont remporté la finale B du quatre de couple masculin, suivis des Italiens. Simon Warin, Arthur Mockels, Maël Aït Khelifa Mallet et Ywan Faye ont terminé à la troisième place de la course, se classant ainsi au neuvième rang mondial.
La finale B du deux de couple féminin n’a pas tourné à l’avantage de Rose Gallen et Justine Dias. En tête au passage des premiers 500 mètres de course, les deux rameuses ont peu à peu perdu du terrain face à leurs concurrentes et ont passé la ligne d’arrivée en sixième position, soit le douzième rang mondial.
« Un petit goût amer »
Yannick Schulte, responsable Génération 2024-2028, a commenté ces championnats pour les Bleuets : « On est quand même un peu déçus, car on ne fait qu’une médaille, alors qu’on avait trois bateaux susceptibles d’être médaillés. Quand on place cinq bateaux en finales A et qu’on revient qu’avec une médaille, on a forcément un petit goût amer, car on aurait aimé en avoir plus. Après, il faut savoir s’en contenter. Les deux bateaux que l’on voyait plus en capacité d’être médaillés, c’était les deux sans barreur. Le quatre sans barreur, on le sentait aussi, car il avait bien progressé, il le confirme. Le deux sans barreur féminin, on pouvait légitimement espérer un peu mieux, le deux sans masculin, il n’est pas loin d’être à sa place, mais on aurait aimé un peu plus. Le quatre sans barreur féminin tente sa course, elles souffrent à la fin mais elles ont tenté. Le quatre barré masculin a fait sa course en repêchage de manière assez forte, aujourd’hui c’était plus dur. On d est dans notre effectif de finalistes, cinq bateaux c’est un bon résultat, ça fait dix-sept athlètes finalistes, c’est dans nos bons standards. On aurait fait une médaille sur les deux sans barreur, ça aurait été le rêve. On a une médaille, comme l’an dernier chez les hommes, l’an passé c’était chez les femmes dans le même bateau. Ce qui est frustrant, c’est que certaines médailles étaient faisables, on avait trois cartouches franches, on ne les fait pas. La densité est réelle, permanente, mais elle est fluctuante. Les Britanniques font un retour en force, à égalité avec les Italiens. Les Allemands sont quatrièmes, ça doit faire de nombreuses années qu’ils n’ont pas été aussi mal classés, pourtant ils font beaucoup de médailles ».
« L’exercice le plus compliqué a été réussi »
Pour le directeur technique national Sébastien Vieilledent, le compte n’y est pas en termes de chiffres : « On était venu là pour chercher deux à trois médailles pour marquer le coup, c’est dans notre niveau du moment pour le faire avec deux bateaux qui avaient montré des choses intéressantes dans la saison, même s’il faut se méfier des championnats d’Europe qui sont à prendre avec des pincettes en termes de niveau et densité. On revient avec une seule médaille, on ne peut pas dire qu’on soit satisfaits. Mais en même temps, l’exercice le plus compliqué à faire a été réussi, avec le quatre sans barreur masculin. Le deux sans masculin n’a pas eu une préparation facilitée pour des raisons médicales, c’est bien dommage pour eux. Le deux sans féminin, on a eu une petite alerte le matin en demi-finale, des dynamiques de course peuvent se construire dès les premiers coups de pelles, et c’est plus compliqué de ne pas être dans la dynamique pour aller chercher le résultat. C’est un bateau qui aurait dû être sur le podium, la cinquième place n’est pas le résultat escompté ». Mais le DTN voit aussi le verre à moitié plein : « on peut tout de même retenir que sept bateaux étaient engagés, cinq rentrent en finales, ce qui est un ratio intéressant, par rapport aux résultats de ces dernières années. Dans ce que l’on construit, c’est une belle réussite.
Après le bilan chiffré, c’est le bilan en termes d’image que chacun sera tenté de faire. Le stade nautique de Vaires-sur-Marne avait déjà la réputation d’un bassin où le vent pouvait s’inviter dans les courses. On en a eu la confirmation sur ces championnats.
Tout le monde a à l’esprit que, dans un an, de telles conditions pourraient se reproduire lors des régates des Jeux de Paris. De quoi remettre en cause le bassin ? N’oublions pas qu’à Athènes, les courses se tenaient à des horaires permettant d’éviter les périodes où le vent soufflait trop fort. A Rio, des sessions ont été décalées ou reportées. A Tokyo également.
Ce n’est donc pas un lieu en particulier que l’on peut pointer du doigt, mais l’ensemble des stades nautiques internationaux qui sont tributaires des conditions météorologiques. L’aviron est un sport de plein air, qui va souffrir encore davantage dans l’avenir des dégradations et atteintes au climat. Bien malin celui qui pourra trouver une solution et garantir une compétition sans embûches !