Pascal Jolly, l’homme qui murmurait à l’oreille des chronos

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Alors que le prochain Mag Aviron est en cours de distribution postale, découvrez un nouvel article au menu du magazine. Un portrait de l’incontournable Pascal Jolly.

Il y a ceux qui sont sous les projecteurs, et ceux qui œuvrent dans l’ombre. Pascal Jolly est de ceux-ci, et les coulisses de l’aviron français – et maintenant international – n’ont aucun secret pour lui. Portrait d’un homme que chaque rameuse ou rameur devrait connaître.

Lorsqu’une profession se conjugue à une passion, le départ à la retraite n’en est pas véritablement un, car si la vie professionnelle s’arrête, la passion continue. Pascal Jolly en est le parfait exemple. Et pourtant, lorsqu’il a commencé à ramer avec Sylvain, son frère jumeau, c’est par pur hasard. Les deux jeunes garçons se destinaient plutôt au rugby ou au judo. La veille du jour où leurs parents devaient les emmener s’inscrire, le journal local de Butry-sur-Oise a publié un article sur le club d’aviron local. C’était sur la route, ils s’y sont donc arrêtés… C’était il y a bientôt 58 ans, en septembre 1966, et ils ne sont jamais allés jusqu’au rugby ou au judo.

Et si généralement on suit ses parents dans un sport, c’est l’inverse qui s’est produit : le père de Pascal Jolly est entré dans le club multisport et en a été président pendant plus de 20 ans. C’est Jean Belleval – dit Nano – qui leur a fait découvrir et aimer l’aviron, et la richesse de la vie associative. Il le voit d’ailleurs toujours au club.

Sa première sortie en compétition se déroule aux régates d’Argenteuil, en double benjamin (tout alu) avec son frère Sylvain. En minimes avec l’arrivée du skiff Fruitet au club et la première journée nationale des minimes, ils sont sélectionnés pour représenter, à Cahors, la Lifa à cette journée nationale. Au programme un parcours en ligne et un parcours en slalom autour de bouées. La Lifa en est ressortie victorieuse avec une troisième place pour Pascal. Il a continué à s’entrainer en cadet et en junior, mais il a également commencé à prendre part à l’encadrement des plus jeunes.

Parallèlement, il a poursuivi ses études avec un bac E, puis un DUT génie mécanique. Il est devenu maître auxiliaire au lycée d’Enghien, devenant professeur certifié, de 1978 à 1989…

L’aviron comme profession

C’est alors que l’aviron l’a rattrapé, mais professionnellement. Le DTN de l’époque, Bernard Leroy, l’a sollicité pour intégrer la direction technique nationale. Il a passé son BE2 en janvier 1989 avant de prendre des fonctions de conseiller technique sportif en Ile-de-France de septembre 1989 à août 1992. Il s’est engagé notamment sur les formations fédérales et leur rénovation, mais aussi sur l’évolutions des formations professionnelles. Au sein de la commission pédagogique, il a ainsi côtoyé Michel Doutre, Claude Jacquier, Michel Picard… Il a également travaillé avec le Conseil interfédéral des sports nautiques sur les passerelles des diplômes fédéraux et professionnels.

En septembre 1992, Pascal Jolly s’est vu confier de nouvelles missions qu’il gardera jusqu’à la fin de sa carrière : conseiller technique national au siège de la Fédération comme responsable de l’organisation et du suivi de la vie fédérale. Il a ainsi connu la période Mund, et le développement qui l’a accompagnée… et l’informatisation, dont il est un des architectes. On lui doit ainsi la création du premier site internet de la Fédération française d’aviron, mais aussi son réseau intranet et son système de gestion des licences. Si aujourd’hui tout le monde s’est fait à time Team, personne n’a oublié le précédent système de gestion des courses, dont Pascal Jolly est l’un des pères fondateurs. Une organisation bien rodée qui a rarement failli, mais Pascal aime la modernité, donc la question ne se pose plus, il est temps de changer. Et le système de gestion de courses « maison » en a vu passer des compétitions : une centaine de championnats et coupes de France, les Jeux Méditerranéens 2001, la régate mondiale masters de Vichy en 2003 avec 9000 sièges, trois championnats du monde mer, deux championnats du monde universitaires, et quelques autres régates internationales. Pascal Jolly s’implique aussi dans l’organisation de compétitions, comme les régates internationales de Vaires-sur-Marne, de la coupe du monde et de la coupe des nations à Vaires, du défi à huit dans Paris, le trophée européen, les championnats indoor… mais aussi l’organisation des championnats du monde à Aiguebelette en 1997 comme chef de secteur. 12 ans plus tard, à Brive, il est membre du comité d’organisation et directeur des sports des mondiaux juniors. Un poste qu’il occupera à nouveau quelques années plus tard… une nouvelle fois à Aiguebelette pour les championnats du monde qualificatifs pour les Jeux olympiques et paralympiques de Rio.

De la FFA à World Rowing

Une expérience unique, la reconnaissance aussi pour Pascal Jolly, et World Rowing qui commence à regarder de près les qualités de ce Français qui approche de la retraite, et qui pourrait néanmoins continuer à servir l’aviron.

Pascal Jolly a quitté les berges du lac d’Aiguebelette pour retrouver celles de la Marne, et le siège de la FFA, pour préparer la suite… sa suite, avec Sylvain Bosquet et Alexandre Huss qu’il a accompagnés dans la transition vers Time Team, Gilles Purier sur les aspects réglementaires dont il avait la charge, mais aussi le reste de l’équipe sur la vie fédérale…

Pascal Jolly aime la précision, la rigueur. Il l’aura transmise à ses collègues à qui il a cédé les rênes à l’automne 2018, lors de son départ en retraite.

Une retraite bien méritée, mais qui n’allait pas non plus être de tout repos : son épouse Dominique, qui rame elle aussi depuis l’âge de 14 ans, allait continuer à le voir sillonner les bassins de France, mais aussi de l’étranger. Il a intégré la commission Events de World Rowing, mettant ainsi tout son savoir et son expérience au service de l’aviron mondial, intervenant dans des domaines techniques qu’il maîtrise parfaitement. Il prend désormais part à des événements internationaux, au rang desquels les Jeux olympiques de Tokyo en juillet 2021, et plus récemment aux championnats d’Europe de Bled. « J’y ai trouvé une nouvelle famille », lançait-il lors de l’assemblée générale de la FFA en mars 2023, lorsque Christian Vandenberghe lui a remis la grande médaille d’or de la Fédération. Une récompense amplement méritée reçue en présence de son fils Nicolas, à qui il a transmis le virus de l’aviron et qui est président de la ligue Centre-Val-de-Loire.

Pascal Jolly, un homme de l’ombre qui mérite amplement d’être, pour une fois, mis en pleine lumière.

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