L’équipe de France sera en force, avec dix-neuf embarcations, sur la dernière étape de coupe du monde de Poznan, avec de nombreux équipages U23. Mais surtout des bateaux qui réaliseront leurs derniers parcours en ligne avant ceux des régates olympiques et paralympiques de Paris 2024. Des rameuses et rameurs qui se sont confiés avant de prendre le départ pour la Pologne.


Le 27 juillet 2024, la régate olympique commencera sur les eaux du stade nautique olympique de Vaires-Torcy. La pression monte chez les équipages qualifiés. Sur les cinq bateaux qualifiés pour l’échéance, quatre vont prendre part ce week-end à la dernière étape de coupe du monde à Poznan. Le quatre sans barreur masculin est quant à lui resté à la maison. Il faut dire qu’en ce qui le concerne, le résultat sur les deux sorties à l’international ont été plutôt réussie : une médaille de bronze aux championnats d’Europe et une cinquième place en coupe du monde à Lucerne. Le travail est donc privilégié à la prise d’informations à laquelle doit servir cette étape de coupe du monde.
Pour deux bateaux, ce sera également une première et dernière compétition cette année avant les Jeux.
C’est ainsi le cas, pour commencer, du deux de couple poids léger de Laura Tarantola et Claire Bové, qualifié à Lucerne lors de la terrible régate de la dernière chance. « On a réagi différemment, commente Laura Tarantola, comme à notre habitude. J’ai eu un petit moment de décompression. On a eu quelques jours off qui ont fait du bien à la tête et au corps. On s’est ensuite remis à l’entraînement, c’est chouette de repartir pour un cycle ». Claire Bové a eu une autre tactique. « Dans ces cas-là je m’isole. J’évite cette retombée violente, ça se passe généralement plutôt bien si je ne dois pas repartir tout de suite dans un quotidien stressant et on profite de cette joie ». Les deux rameuses sont conscientes de leur évolution depuis qu’elles rament ensemble. « J’ai pris de l’expérience et de la sérénité, note Claire Bové, de se rappeler que j’ai confiance en nous. Que cette confiance en nous, cette confiance qui s’est développée ». Laura Tarantola est consciente d’avoir changé : « pareil, l’expérience, et des hauts et des bas. Avant Tokyo, on n’avait vraiment pas connu d’échec comme Belgrade, et pour notre duo qui était très soudé à Tokyo, ça nous a vraiment fait grandir, de savoir bien m’écouter ». Deux rameuses heureuses de se retrouver, et pour lesquelles Poznan sera une étape sur la route de Paris 2024. Elles retrouveront huit autres nations sur le Malta.
Hugo Beurey et Ferdinand Ludwig se retrouvent dans le même cas de figure. Les deux rameurs ont eux aussi décroché leur qualification à Lucerne, et n’ont pas fait de sortie internationale depuis les mondiaux de Belgrade. Un hiver un peu compliqué pour le duo, avec une fracture du poignet pour Ferdinand, et plusieurs infections pulmonaires pour Hugo. Mais depuis les championnats de France bateaux courts, tout va bien ! Et les deux rameurs se sont bien remis des émotions de Lucerne. « Il y a eu un petit moment de décompression, note Ferdinand Ludwig, car sans cette étape, il n’y a rien derrière. Mais on s’est vite remis, car on a fait un petit bilan de Lucerne, car il y a encore du travail ». Poznan a donc son utilité. « C’est pour ça qu’on y va pour faire des courses, prendre quelques repères et voir ce qu’on doit travailler jusqu’à la fin. Poznan, après Lucerne, permet de valider autre chose et de passer encore des crans ». Poznan, une échéance pas forcément sûre, en fonction des besoins. « On a pu se permettre d’y aller ». Principale référence sur la régate : les Suisses. « Ils vont être en place, commente Hugo Beurey, ils ont tout fait depuis le début de la saison, avec pas mal de repères en courses, ils sont médaillés sur chaque étape, aux Europe. Derrière il y a les Mexicains qui ont gagné la B aux mondiaux et sont en finale à Lucerne. Il y a aussi les Argentins qu’on n’a jamais vus. Je m’attendais à plus de monde, mais la plupart des bateaux qualifiés font l’impasse, mais je m’attendais à deux ou trois bateaux phares. On a commencé avec les Suisses au début de l’olympiade, et on finit avec eux. On va vite voir notre niveau actuel. On verra ce qu’on a à peaufiner, ce qui serait bien c’est d’être devant comme toujours, voir ce qu’il nous reste à faire pour performer aux Jeux. Valider le travail technique, nos protocoles mis en place ».

Le deux de couple masculin sera également de la partie à Poznan. Si la question avait pu se poser un moment, la deuxième étape de coupe du monde de Lucerne a rapidement donné le ton et affiché la nécessité d’engranger une nouvelle fois des parcours en bord à bord. Car Hugo Boucheron et Matthieu Androdias rentrent de Lucerne un peu amers, avec une cinquième place. « A Lucerne, on est arrivés avec un super niveau qu’on a toujours, note Hugo Boucheron, on avait les moyens de se mettre entre la première et la deuxième place, entre les Italiens et les Hollandais. On n’avait pas les moyens d’aller chercher les Hollandais, ça aurait été limite trop. Mais c’était encore trop fragile, il fallait que tous les voyants soient au vert, mais on s’est rendu compte qu’on était encore sur quelque-chose d’assez étroit. On a beaucoup bossé dessus, on a vu qu’il y avait encore beaucoup de choses à régler, pour avoir un niveau supérieur à Lucerne, et plus constant. On était quand même contents de retrouver la compétition ensemble, on avait très envie de casser cette malédiction quand on va à Lucerne. On était chauds, et finalement on a repris une rouste, une belle, mais on l’a prise dans le bon sens. Elle a fait mal, mais ça nous a fait du bien ». Même constat de la part de Matthieu Androdias. « Il y a eu l’enthousiasme du retour, mais je pensais pouvoir être médaillé. Pour la suite, la recette va être simple : beaucoup d’engagement, de simplicité, et de force collective, car les Jeux approchent, ça commence à s’affoler un peu de partout. Il faut qu’on se préserve de ça, rester sur ce qu’on sait faire de mieux. On a subi après Lucerne les turbulences du résultat. Mais on est dans la bonne direction ». Le bateau a un objectif à Poznan : faire des courses abouties. « Le résultat viendra en faisant ça, poursuit Hugo Boucheron. £On a envie de gagner, mais on va se recentrer sur ce qu’on veut faire, le ressenti, les intentions ». Il y aura du monde à Poznan. Les ultras favoris ne seront pas là, note Matthieu Androdias, mais la meute y sera et elle est solide. Il y a les Irlandais médaillés mondiaux, il y a les Chinois médaillés olympiques, les Allemands. Il y a du monde mais pas tout le monde : il manque les Néerlandais, les Italiens, les Espagnols, les Américains qui ont gagné la régate de qualification ». La place à Lucerne ne sera pas le critère, l’essentiel était de faire des courses abouties. « On veut faire des bonnes courses et préparer Paris, pas faire une médaille ».
Un autre bateau, qualifié lui aussi à Belgrade, sera présent. Mais pas dans sa composition habituelle. En effet, Emma Lunatti et Margaux Bailleul avaient fait dernières de la finale B à Lucerne. Une contre-performance qui a amené la fédération à se poser des questions, notamment sur l’état de forme des rameuses, notamment de Margaux Bailleul après des parcours à Vaires-sur-Marne. C’est pourquoi la Grenobloise prendra part avec Elodie Ravera-Scaramozzino à la coupe du monde de Poznan.
Enfin, Aurélie Morizot et Baptiste Savaete seront également présents à Poznan. Leur rôle de remplaçant éventuel dans un des deux bateaux olympiques s’éloignent pour laisser place à la compétition individuelle, avec les mondiaux de Sainte-Catherine en ligne de mire en août au Canada.
Deux bateaux para-aviron présents
Côté paralympique, on retrouvera deux embarcations. En deux de couple PR3, Elur Alberdi sera associée à Antoine Jesel. Laurent Cadot et Guylaine devaient composer le deuxième bateau français dans la discipline, mais ils ne prendront finalement pas part à la compétition.
En quatre barré mixte PR3, on retrouvera Candyce Chafa, Rémy Taranto, Grégoire Bireau, Margot Boulet et la barreuse Emilie Acquistapace. Là aussi, un dernier étalonnage pour le bateau qui va retrouver les autres ténors de la discipline, avec les Britanniques et les Allemands. De quoi assurer des parcours relevés sur ce week-end.
Une flotte conséquente
D’autres embarcations seront également présentes, avec soit comme objectif de poursuivre les projets initiés mais qui n’ont pas pu aboutir sur une qualification, soit pour préparer des bateaux pour les championnats du monde U23. Une stratégie qui a ainsi amené à doubler dans certaines catégories.
En deux sans barreur, on retrouve ainsi chez les femmes Emma Cornelis et Joséphine Cornut-Danjou qui n’ont pas pu se qualifier pour Paris, ainsi que les U23 Léa Herscovici et Fleur Vaucoret. Chez les hommes, Florian Ludwig est associé à Valentin Onfroy.
En deux de couple, Mya Bosquet retrouvera Jeanne Roche, qui était à bord du quatre de couple féminin à Lucerne.
Trois quatre sans barreur sont également engagés à Poznan. Chez les femmes, on retrouvera Maelys Dournaux, Hezekia Peron, Léontine Fouquet et Jeanne Sellier. Chez les hommes, deux bateaux : Victor Marcelot, Alistair Gicqueau, Nikola Kolarevic et Armand Pfister dans le premier, Lucas Fauche, Grégoire Charles, Awen Thomas et Louis Descot-Vigouroux dans le second.
En skiff féminin, Audrey Feutrie et Gaia Chiavini sont alignées sur le lac Malta. En deux de couple poids léger masculin, Cornelus Palsma et Antoine Lefebvre prendront le départ aux côtés de leurs aînés olympiques. En quatre de couple masculin, Martin Bauer sera associé à Samuel Arque, Jules Cresson et Alric Rodrigue.