Racice 2022 : à un an de la qualification pour Paris 2024

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Après les trois jours de finales, les cinq médailles décrochées tous bateaux confondus ne doivent pas faire oublier les autres bateaux. Contre-performances ou projet qui suit son cours ?

La saison 2022 s’est terminée le 25 septembre à Racice avec les championnats du monde élite et para-aviron. Une saison qui avait commencé aux régates internationales d’Essen, au milieu du mois de mai, et s’était poursuivie sur plusieurs rendez-vous du circuit World Rowing : les étapes de coupe du monde de Poznan, de Lucerne, et les championnats d’Europe à Munich mi-août.
Mais c’est bien l’ultime étape de ce chemin qui était au centre des attentions et des intentions de l’encadrement de l’équipe de France, en particulier du directeur technique national Sébastien Vieilledent et du consultant exécutif de la haute performance, Jürgen Gröbler. L’heure est donc au bilan, et le premier que l’on peut établir sera purement chiffré.

Du côté para-aviron, les cinq bateaux présentés ont tous couru en finales A, quatre ont été médaillés.

Du côté du projet Ambition 2024 OLY, dix embarcations étaient présentes à Racice. Parmi elles, six des sept projets préparés sur la saison : le deux de couple masculin, les deux de couple poids légers (féminin et masculin), les quatre sans barreur (féminin et masculin) et le quatre de couple masculin. Le dernier, le quatre de couple féminin, n’a pas été aligné sur le Labe Arena au regard des contre-performances enregistrés, mais il reste dans les tablettes, aussi bien des cadres que des rameuses. Il avait été remplacé à Racice par un skiff et un deux de couple. S’ajoutaient à cette flotte deux skiffs poids légers, embarcations non-olympiques.

Un seul d’entre eux aura remporté une médaille, et pas des moindres : le deux de couple masculin avec Hugo Boucheron et Matthieu Androdias a décroché l’or au terme d’une course parfaitement maîtrisée par le duo qui signait son retour dans l’embarcation. « On revient de loin », lançaient les rameurs. Leur entraîneur Alexis Besançon le confirmait. « Il y a eu l’après Tokyo à gérer, tout le monde ne le fait pas de la même façon. Mais je suis content que ce résultat valide les choix qui ont été faits tout au long de la saison pour eux et avec eux : savoir les laisser tranquilles quand il le fallait, les accompagner sans les forcer ».

Les finalistes

Mais en marge de cette conservation du leadership de la discipline par les champions olympiques, d’autres bateaux sont parvenus à se hisser en finale A. Le premier est bien entendu le deux de couple poids léger féminin de Laura Tarantola et Claire Bové. Les deux rameuses avaient réalisé un sans faute tout au long de la compétition, mais comme le soulignait leur entraîneur Frédéric Perrier, « la catégorie se densifie ». L’approche des Jeux de Paris et la saison réalisée par certains équipages étrangers est signe à la fois de bonne santé sont là pour en attester. Elles ont terminé au pied du podium, à la quatrième place. « Quatrièmes mondiales, ce n’est pas rien », lancent-elles. Quand on leur demande ce qui leur a manqué, elles n’hésitent pas une seconde dans leur réponse : « Des mois d’entraînement. On a profité après Tokyo, on a été sur notre nuage un moment, on le paye. Mais on est là, à des mondiaux ». Il faut dire que du podium olympique, elles sont les seules rescapées en finale A à Racice.
Un autre bateau a lui aussi confirmé qu’il était en bonne voie de reconstruction. « On est même en avance sur la feuille de route, note le directeur technique national Sébastien Vieilledent, on repart de loin sur ce bateau, qui n’avait pas connu de finales A avant cette saison depuis 2017 ». Un constat mis également en avant par les rameurs, notamment Hugo Beurey qui était aussi dans le bateau en 2019 à Linz. « Le bateau n’était pas qualifié à Tokyo après avoir été titré à Rio, note Jürgen Gröbler, nous sommes de retour avec un équipage jeune qui fait ses preuves ».
Enfin, on peut noter la belle performance de Baptiste Savaete, en skiff poids léger. A deux reprises, il a su faire preuve d’une combativité impressionnante, en quart et demi-finale, avec une remontée qui lui a permis de se qualifier en grande finale.

En marge des finales

Le bilan du côté des quatre doit être nuancé. Si le quatre de couple masculin est dans les clous de la feuille de route établie par le DTN et le consultant exécutif de la haute performance, celui du quatre sans barreur est plus mitigé avec une 12e place. « Nous mettons en place des projets sur les bateaux longs principalement, explique Jürgen Gröbler, nous ne sommes pas encore compétitifs, trois d’entre eux sont allés jusqu’en demi-finale. Nous en sommes là. Certains sont proches des finales. Certains sont jeunes, comme le quatre sans barreur masculin avec trois U23 ». Des rameurs de talent, comme le soulignait le DTN, avec d’autres qui devraient les rejoindre. Il en est de même pour le quatre sans barreur féminin, qui a terminé dixième. « Nous avons regroupé les rameurs sur les pôles par projet, poursuit Sébastien Vieilledent, pour que ce projet soit conduit et travaillé tout au long de la saison ».
C’était un cheval de bataille de Jürgen Gröbler également, qui voyait les athlètes disséminés aux quatre coins de la France. « Il ne suffit pas de les rassembler en stage pour travailler le bateau », notait-il. Ce sera une des grandes nouveautés de la rentrée. « nous avons dû gérer l’année en absorbant l’après Tokyo, explique Sébastien Vieilledent. 2023 sera une année de stabilisation pour préparer la qualification ». A noter aussi les belles performances de Margaux Bailleul et Violaine Aernoudts en deux de couple féminin, mais aussi d’Emma Lunatti en skiff. Les premières ont remporté leur finale C, la skiffeuse a fini à la neuvième place mondiale. Susannah Duncan, en skiff poids léger, a terminé à la quinzième place de la discipline.

Paris 2024… Belgrade 2023

Des places, des places… synonymes de quotas de qualification pour Paris 2024. Car si l’on regarde le bilan chiffré de Racice en dehors, on peut commencer à regarder, comme point d’étape, le classement des bateaux : on remarque alors que le deux de couple poids léger masculin serait qualifié, le skiff féminin également… Pour les autres, il en manque un poil… « On est à quelques encâblures de notre feuille de route sur ces championnats, note Sébastien Vieilledent. On avait l’objectif également d’aller chercher deux médailles sur ces mondiaux, le compte n’y est pas, mais beaucoup de bateaux sont dans les objectifs de classement. Il ne faut pas oublier qu’on repart de loin notamment dans le secteur pointe : aucun bateau présent chez les femmes à Tokyo dans ces disciplines, seulement deux rameurs chez les hommes ». Un vaste chantier qui continue de se mener.

Le projet paralympique sur la bonne voie

Quatre médailles ! Les para tricolores ont brillé à Racice. Un succès qui a ses explications. « La feuille de route s’est déployée plus vite, explique le DTN, avec une montée en puissance plus rapide. Il y a eu aussi une grosse campagne de recrutement et un gros travail sur la détection. L’équipe se renouvelle mais conserve les cadres de Tokyo ». Laurent Cadot a remporté avec Elur Alberdi le titre en deux de couple mixte PR3, nouvelle discipline inscrite au programme des Jeux. Le rameur de Boulogne 92 a aussi gagné le bronze en quatre barré mixte PR3 avec Rémy Taranto, Erika Sauzeau, Margot Boulet et Emilie Acquistapace. Nathalie Benoit remporte l’argent en skiff PR1, le deux de couple mixte PR2 avec Perle Bouge et Stéphane Tardieu le bronze… « On est sur les objectifs, conclut Sébastien Vieilledent, on n’en attendait pas moins de cette équipe, la transition de Tokyo à Paris est bonne. Mais ne nous reponsons pas sur nos lauriers, les bateaux derrière nous se renforcent, la meilleure défense c’est l’attaque ».
Une façon de voir les choses qui devrait désormais être appliquée à l’ensemble des équipages.

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