Tokyo 2020 : des Jeux décidément pas comme les autres

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En mars 2020, alors que le monde découvrait les ravages qu’un ennemi invisible pouvait provoquer, un événement était devenu la victime collatérale de la pandémie de SARS-CoV-2 : pour la première fois en temps de paix, les Jeux olympiques n’auraient pas lieu à la date prévue. Une annonce qui allait bouleverser le monde du sport, mais aussi rebattre les cartes de l’échéance planétaire à plusieurs titres.
Très rapidement, le Comité d’organisation des Jeux de Tokyo a travaillé avec le Comité international olympique pour construire la suite : le report du rendez-vous à l’année suivante. Un premier détail de taille : Tokyo 2020 allait rester Tokyo 2020. Une volonté clairement affichée de conjurer le mauvais sort, de montrer que le mouvement olympique était plus fort que la pandémie, et que ces Jeux seraient, comme l’avaient lancé le gouvernement nippon et le Cojo, “ceux de la victoire de l’humanité contre le virus”. Une volonté qui cache aussi des considérations financières : qui dit changement de nom dit changement de logo, de signalétique… en bref, des frais qu’il allait désormais falloir limiter à l’essentiel.

Des Jeux pas forcément désirés

L’argent est le nerf de la guerre. Dans le cas des Jeux olympiques, c’est aussi celui de la fête. Un report entraîne en effet un surcoût que le Cojo a voulu à tout prix réduire. Surtout dans une population de plus en plus hostile à la tenue des Jeux olympiques. Les Jeux olympiques sont en effet le rendez-vous sportif qui suscite le plus d’adhésion de la part du public ; on y regarde des sports que l’on n’a pas l’habitude de suivre (et l’aviron en fait partie). Une population nationale soutient massivement tout projet d’organisation olympique sur son sol, mais ces dernières années, cet engouement et ce plébiscite sont de plus en plus ténus. Le budget nécessaire et la dépense publique engendrée sont devenus des freins auxquels l’opinion publique est sensible. Dans le cas du Japon, on est estimé récemment à près de 80 % l’hostilité à la tenue des Jeux olympiques cet été… ou un autre ! De quoi faire réfléchir les hommes et femmes politiques en charge du dossier, à l’approche d’élections au cours desquelles les Jeux pourraient être tenus en otages. Les Japonais craignent en effet de voir arriver dans leur pays un nombre important d’étrangers susceptibles d’être porteurs de la Covid-19, voire de variants de celle-ci.

De nouvelles conditions de déroulement

Au fur et à mesure que le temps est passé, notamment durant l’été 2020, le virus a reculé, laissant entrevoir un été 2021 serein. Mais au fil des semaines, la pandémie a pointé à nouveau le bout de son nez et, avec elle, des variants qui ont secoué toutes les mesures prises. La frilosité était de nouveau de mise, les frontières se sont à nouveau fermées alors que la pression sanitaire se faisait croissante. Il a donc fallu prendre de nouvelles décisions, même si plusieurs sont encore en suspens et en cours de discussion. Des règles concernant les dates d’arrivée et de départ des athlètes ont ainsi été édictées par le Cojo ; elles restent encore en négociation avec les comités olympiques nationaux. Le testing des athlètes est lui aussi au cœur des débats, avec une récente annonce qui envisage des tests quotidiens. Le prix de la tenue des Jeux olympiques, échéance cruciale dans la vie sportive, est lourd à payer. Mais c’est une autre mesure qui a asséné un coup de massue important : pas de public étranger à Tokyo ! Seuls les Japonais seront autorisés à assister aux différentes épreuves. D’une fête planétaire, les Jeux olympiques sont devenus un rendez-vous insulaire. Et tout le monde est touché par cette limitation d’accès à l’archipel nippon : les quotas destinés à la presse ont été réduits, les représentants des partenaires des CNO et fédérations ne devraient pas pouvoir entrer au Japon. À titre d’exemple, seul Christian Vandenberghe se déplacera au Japon pour représenter la FFA.

Un impact sportif

La majorité des quotas pour les Jeux ont été attribués à Linz fin août… 2019 ! Une éternité dans la vie d’un athlète ! Un laps de temps durant lequel il peut se passer beaucoup de choses, surtout lorsque la saison suivante est quasiment blanche. Pour certains, il a fallu prolonger des aménagements dont on avait envisagé la fin en septembre 2020, pour d’autres il a fallu renégocier un début ou une suspension de carrière professionnelle… Mais plus simplement, ajouter une année d’entraînement acharné pour se maintenir à un haut niveau sportif, sans véritablement savoir à quel niveau se trouvent ses adversaires, sans pouvoir se confronter à eux directement. Des choix cornéliens pour certains, qui ont parfois décidé de jeter l’éponge. Le dernier exemple est la rameuse néo-zélandaise Zoe Mac Bride, championne du monde 2019 en deux de couple poids léger, qui a raccroché les pelles…

On murmure encore de temps en temps que la tenue des Jeux n’est pas sûre à 100 %. Le comité d’organisation et le CIO le crient à tue-tête : ils auront bien lieu ! Mag Aviron sera sur place pour vous faire vivre l’événement.

Fabrice Petit

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